A l'occasion de sa conférence .NEXT 2024, Nutanix a précisé et complété sa vision "Build Once, Run Anywhere" dans un univers multicloud hybride qui ne se contente pas de VMs mais construit l'avenir sur les containers...

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“.NEXT 2024” : Nutanix veut simplifier la gestion du multicloud hybride

Par Marie Varandat, publié le 27 mai 2024

Depuis deux ans, Nutanix réinvente profondément sa plateforme et peaufine sa vision « multicloud hybride ». De quoi dérouter bien des DSI perdus dans les changements de noms, les changements de briques, les changements d’offre… La Nutanix .NEXT 2024 a donné l’occasion à l’éditeur de compléter et préciser sa vision. Avec une idée clé, assurer une totale portabilité des applications et de leurs données entre l’interne et les clouds au travers d’une seule console.

C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures ! Il y a plus de 20 ans, Sun lançait son concept de la portabilité avec son slogan « Write one, run anywhere ». Aujourd’hui, c’est au tour de Nutanix de prendre le relais avec un « Build once, run everywhere » qui sonne étrangement familier. Mais là où Sun n’entrevoyait qu’une portabilité du code d’une application, Nutanix, lui, imagine la portabilité complète des workloads avec leurs apps et leurs données.

À l’occasion de sa conférence annuelle « .NEXT 2024 », qui s’est tenue à Barcelone la semaine dernière, le leader du marché de l’hyperconvergence a un peu plus peaufiné sa version de la portabilité à travers Project Beacon, un projet ambitieux – sur plusieurs années – de gouvernance unifiée des données dans des environnements aussi bien conteneurs que VM, quels que soient les choix de déploiement des entreprises : interne, hybrides, multicloud, sur l’Edge…

Projet à tiroirs multiples lancé en 2023, Project Beacon concrétise de fait la vision de Nutanix en matière de gestion des environnements modernes des entreprises dans un monde multicloud (et hybride). L’éditeur attaque le problème par le bas et par le haut, en comblant les lacunes de sa plateforme hyperconvergée d’un côté en matière de gestion des containers et, de l’autre, en proposant non seulement une console d’administration capable de gérer l’hétérogénéité technique et géographique (Nutanix Central) mais aussi une plateforme PaaS multicloud (le fameux projet Beacon).

Intégration des environnements conteneurisés à la plateforme Nutanix

Dans cette perspective, l’éditeur a commencé par s’offrir sa propre distribution Kubernetes, NKP (Nutanix Kubernetes Platform). Issue du rachat de D2IQ (anciennement Mesosphere) en début d’année, NKP complète la plateforme Nutanix, jusqu’alors essentiellement orientée VMs, en prenant en charge la gestion étendue des conteneurs.

Dopée à l’automatisation intelligente pour accélérer la gestion et permettre aux équipes de gagner en simplicité et efficacité opérationnelle, NKP est une solution très complète qui gère l’intégralité du cycle de vie des applications, de la chaine CI/CD à l’observabilité en passant par des fonctions de maintenance. En pratique, Nutanix applique aux environnements conteneurisés la même recette du « one click » qui a fait le succès de sa plateforme hyperconvergée dans les domaines des VMs. Avec une idée forte, offrir la même console et les mêmes outils de gestion avancée des clusters Kubernetes et des containers que ce soit sur Nutanix (via Karbon réinventé pour NKP), sur n’importe quelle distribution Kubernetes conforme aux spécifications CNCF, et sur les plateformes Kubernetes des hyperscalers (EKS sur AWS, AKS sur Azure, GKE sur Google Cloud).

Contrairement à Nutanix Karbon, qui était essentiellement le cœur du moteur Kubernetes optimisé pour le système Nutanix (AOS), NKP est une plateforme multi-briques qui prend en compte toute la gestion opérationnelle du cycle de vie des containers.

Si la plateforme Nutanix se convertit aux containers, elle n’en oublie pas pour autant les VMs. Toujours dans une optique de prendre en charge l’existant des entreprises (mais aussi de séduire les clients déçus par le rachat de VMware par Broadcom), l’éditeur renforce son hyperviseur AHV de nouvelles options, dont la possibilité de capitaliser sur le matériel existant pour faire tourner AHV ou encore des fonctionnalités qui renforcent la sécurité des workloads et la résilience des clusters Nutanix.

Un AOS « kubernétisé » pour unifier les services de stockage

Parallèlement, Nutanix a aussi conteneurisé son OS de gestion du stockage, AOS, cœur de son approche « Software Defined Storage », afin de pouvoir le déployer sur les distributions Kubernetes d’AWS, de Google Cloud et de Microsoft Azure. Objectif : capitaliser sur AOS pour étendre la gestion du stockage au-delà de la plateforme Nutanix, offrir une vision unifiée des données éclatées dans des systèmes hybrides et/ou multicloud et ainsi pouvoir appliquer les recettes du Software Defined Storage à l’échelle globale, sur l’ensemble des environnements Kubernetes de l’entreprise.

En un sens, « Cloud Native AOS » vise à offrir la souplesse et la richesse du stockage Nutanix à toutes les applications containerisées (les applications cloud-native) sur tous les moteurs Kubernetes (à commencer par ceux des grands hyperscalers).

Cloud Native AOS est une version containerisée de AOS permettant d’implémenter l’essentiel des services de données, fichiers et objets de la plateforme Nutanix au sein de clusters Kubernetes.

De fait, grâce à ce « Cloud Native AOS », les entreprises pourront étendre les automatisations et des fonctionnalités éprouvées d’AOS à l’ensemble de leurs données et centraliser la gestion en mettant en place des politiques communes de résilience, de performance, de sécurité ou encore de disaster recovery, que ces données soient hébergées sur un cluster Nutanix (en interne ou dans le cloud via Nutanix Cloud Clusters [NC2]) ou dispersées dans le multicloud (et ses clusters Kubernetes).

Cette vision unifiée du stockage devrait aussi simplifier la mobilité des données entre les différents environnements mais également leur résilience. En effet, Cloud Native AOS permet de maintenir simplement l’accès aux données face aux défaillances de zones de disponibilité, de régions entières ou même de clouds. En automatisant la réplication de toutes les données des applications containerisées entre les zones de disponibilité et les régions, voire entre les fournisseurs de clouds, Cloud Native AOS permet dès lors à un container d’accéder de manière transparente à ses données où que ce dernier soit exécuté ! Dit autrement, même le plus basique des containers bénéficie des plus hauts niveaux de résilience et de disponibilité dès lors que l’infrastructure cloud s’appuie sur Cloud Native AOS.

Accès et supervision des données unifiés

Toute la philosophie « Run Everywhere » de Nutanix réside dans l’idée d’une totale portabilité des « workloads » autrement dit des « apps » et de leurs « données ».

Avec Project Beacon, annoncé l’an dernier, Nutanix introduit une couche permettant de découpler les applications et leurs données des infrastructures sous-jacentes pour permettre une portabilité entre les clouds. Aujourd’hui, une application construite sous AWS reposant sur les stockages natifs d’AWS ne peut être transférée sur Azure qu’avec un gros travail de réécriture ou d’adaptation.
Project Beacon vise à masquer ces différences d’implémentation et offrir des services de données unifiés à la fois au niveau de l’accès, de la gestion, de la sécurisation et de la résilience.

Pour ce faire, Project Beacon couvre à la fois toute la partie unification des services de données au niveau infrastructure (IaaS) comme le stockage fichiers ou objets et l’unification des services plateformes plus avancés (PaaS) comme les bases de données, le streaming, et les services d’inférence IA.

La partie « unification IaaS », annoncée cette année, est assurée par Cloud Native AOS (dit autrement AOS en version containerisée).

La partie « unification PaaS », annoncée l’an dernier, s’appuie notamment sur NDB (Nutanix Database Services, anciennement Nutanix ERA), un service DBaaS pour automatiser les tâches de déploiement et d’administration des bases de données, supportant les SGBD les plus populaires, à savoir Microsoft SQL Server, Oracle, EDB, PostgreSQL, MySQL, MariaDB et MongoDB. Project Beacon transforme ce service DBaaS pour Nutanix Cloud Platform en une solution DBaaS plus universelle fonctionnant avec tous les clouds. Les entreprises peuvent ainsi migrer et/ou moderniser leur existant base de données sur n’importe quel cloud en fournissant un minimum d’effort, la solution simplifiant de manière considérable le provisionnement, la configuration et l’administration des bases de données.

Une vue d’ensemble de la future plateforme Nutanix et de la concrétisation du « Run Everywhere » dans un monde composé aussi bien de VMs que de Containers. Les services IaaS de Project Beacon reposent sur la couche « Cloud Native AOS » qui peut s’exécuter sur n’importe quelle distribution Kubernetes CNCF et notamment sur EKS (AWS), AKS (Azure) et GKE (Google Cloud).

Une console centrale pour les gouverner tous…

Bien entendu, on ne peut pas exclure qu’en annonçant toutes ces fonctionnalités à l’occasion de son événement annuel, Nutanix cherche avant tout à convaincre les entreprises déçues par le rachat de VMware : même si AHV ne couvre pas forcément l’intégralité des fonctionnalités d’un ESXi, il n’en est pas très éloigné. Mais Nutanix ne se focalise pas sur ce « fait divers ». L’éditeur s’inscrit sur la durée et n’ignore pas qu’il faut du temps pour abandonner l’univers VMware pour Nutanix Cloud Platform.

Bien sûr, d’un certain point de vue, l’approche de Nutanix avec son rachat de D2IQ et l’élaboration de NKP n’est pas sans rappeler celle de VMware avec le rachat de Heptio et l’élaboration de l’offre Tanzu. Dans le détail pourtant, les deux approches sont différentes à bien des égards. Ne serait-ce que parce qu’avec Cloud Native AOS, Nutanix cherche à s’intégrer directement sur les plateformes Kubernetes des hyperviseurs (EKS, AKS, GKE) et non à y placer son propre Kubernetes. Il en découle une vision « multicloud » finalement très différente de celle du VMware de Broadcom.

Au final, non content de prendre en charge l’hétérogénéité de l’existant et d’ouvrir sa plateforme HCI au compute et stockage externe, Nutanix entend bien unifier la gouvernance des environnements hybrides et multicloud, qu’ils reposent sur des VM ou des conteneurs, à l’aide d’une seule et unique console. À la fois centre d’administration pour gérer les taches courantes et marketplace proposant les produits de Nutanix et des partenaires, Nutanix Central devrait à terme offrir une vue unifiée et une gestion multicloud hybride orientée applications.

Dit autrement, l’éditeur attaque le problème de la portabilité sur deux fronts. D’un côté, Nutanix renforce sa plateforme pour ajouter les briques qui lui manquaient (Kubernetes, fonctions de sécurité, gestion unifiée des données), intègre les K8s de ses voisins et étend le déploiement de son AOS au « cloud native ». De l’autre, il chapeaute sa démarche par une console dans la lignée de Prism (console d’administration des environnements VM), à savoir une interface de gestion dopée à l’automatisation intelligente pour simplifier la gestion d’actifs informatiques dispersés géographiquement et techniquement entre l’Edge, les datacenters internes et les différents clouds publics. Et ainsi permettre aux entreprises de gérer le multicloud hybride comme un ensemble cohérent, un peu comme à l’époque où les systèmes d’information n’étaient pas encore des monstres avec des ramifications et des bouts de codes éclatés sur la planète.

Gageons que si Project Beacon se concrétise, la démarche de Nutanix pourrait séduire plus d’une entreprise et déranger plus d’un acteur du marché de l’informatique….


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