@Work
Nouveau souffle pour NetApp, qui muscle son portfolio de stockage
Par Laurent Delattre, publié le 14 février 2025
NetApp poursuit sa transformation. Elle a multiplié les annonces cette semaine, poursuivant la modernisation de son portfolio pour mieux répondre aux impératifs de performance, de cybersécurité et d’optimisation des coûts des DSI. Décryptage des nouvelles offres…
Depuis deux ans, NetApp se réinvente en se re-focalisant sur son cœur de métier, le stockage. Des messages plus simples, une gamme plus réfléchie et une volonté de satisfaire désormais aussi bien les besoins des grandes entreprises que ceux d’entreprises plus modestes en soignant la simplicité de mise en œuvre, la performance et le rapport qualité prix.
Depuis un an, NetApp s’est également engagée dans un grand renouvellement de gamme. « En moins d’un an, nous avons renouvelé toute la gamme, l’ensemble de notre portefeuille unifié, optimisé pour les blocs et les objets… Nous proposons aujourd’hui des systèmes plus rapides, plus simples, plus évolutifs et plus abordables que la concurrence – adaptés à toute charge de travail et à tout budget »
Et cette semaine, l’entreprise a multiplié encore les annonces, dans la foulée d’un évènement interne, complétant son renouvellement de portfolio, notamment sur le segment fondamental du stockage en mode bloc SAN. Des annonces qui éclairent la stratégie actuelle de NetApp qui se déploie sur trois axes principaux : la modernisation des systèmes de stockage, le renforcement de la cybersécurité embarquée et l’intégration poussée avec les environnements cloud.
La modernisation de son portfolio
Chez NetApp, l’univers des baies « All-Flash » se compose essentiellement des gammes « AFF A-Series » (All-Flash FAS) offrant une gestion unifiée pour les environnements SAN et NAS et « ASA A-Series) (All-Flash SAN) optimisées pour le mode bloc (pur SAN).
Sur le fond, le hardware est relativement similaire mais les deux gammes visent des besoins différents et des conceptions d’architectures différentes. En fin d’année dernière, NetApp avait entièrement renouvelé sa gamme « AFF A-Series » en commençant par son haut de gamme (AFF A70, AFF A90, AFF A1K) puis par son entrée de gamme (AFF A20, AFF A30, AFF A50).
En septembre dernier, NetApp avait également renouvelé son haut de gamme « ASA A-Series » avec l’introduction des ASA A400, ASA A800 et ASA A900. Cette semaine, NetApp a complété le renouvellement de cette gamme en introduisant ses nouveaux « ASA A20 », « ASA A30 » et « ASA A50 » qui remplacent notamment les anciens et populaires ASA A250 et ASA A150.
Ces nouveaux modèles, proposés dès 25 000 dollars pour une configuration de base avec 15 To de capacité brute, visent à offrir une solution flash à faible latence pour des applications critiques, telles que les bases de données. « La grande avancée réside au niveau de la performance parce qu’on a basculé sur les nouvelles gammes de matériel sur les nouveaux CPU Intel à technologie QAT… on arrive ainsi à doubler les performances de la baie uniquement avec ce type de technologie » souligne Philippe Charpentier. Cette technologie QAT (QuickAssist Technology) est un accélérateur matériel qui améliore toutes les tâches de compression de données sans monopoliser les CPU. Elle est mise en œuvre par NetApp pour booster ses mécanismes de compression et déduplication des données. Typiquement, la baie ASA A50 affiche un gain de performance de 171% sur la baie ASA A400 qu’elle remplace !
Les nouvelles baies ASA A20, A30, A50 se présentent en format 2U accueillant jusqu’à 24 disques NVMe de 1,92 à 15,3 To.
Les baies ASA A20 et A30 démarrent à 15 To de stockage brut avec une extension possible jusqu’à 3,2 Po de stockage utile (pour A20) et 4;8 Po (pour A30)
La baies A50 démarre à 68 To de stockage brut et peut être étendue à 1,8 Po brut (pour une capacité utile de 8 Po).
Mais la performance n’est pas le seul atout de ces nouvelles baies. Particulièrement conçus pour des déploiements dans les PME, les bureaux distants et les succursales, NetApp met en avant leur grande simplicité de mise en œuvre et leur rapport qualité/prix : elles offriraient des coûts initiaux de 30 à 50% inférieurs aux systèmes concurrents selon NetApp mais surtout un meilleur retour sur investissement grâce à une consommation d’énergie jusqu’à 97 % inférieure. « Ce sont de vrais outils de modernisation vers le tout Flash » avec de faibles frais d’exploitation et une forte réduction de l’empreinte physique et carbone explique Philippe Charpentier : « Ces baies sont extensibles jusqu’à plusieurs Pétaoctets. Pour atteindre une telle volumétrie, il fallait avant plusieurs armoires, alors qu’il suffit désormais d’une baie 4U voire 2U ! ». Une densité qui forcément change la donne en matière de numérique responsable au sein du datacenter.
De quoi renforcer la position de NetApp dans l’univers du SAN et surtout une dynamique qui lui est favorable : « en France, depuis trois trimestres, nous sommes passés numéro un du SAN devant tous les autres » affirme ainsi Philippe Charpentier.
Par ailleurs, NetApp continue de renouveler et moderniser ses autres gammes. À commencer par ses baies capacitives. Le constructeur annonce ainsi ses nouvelles baies EF300C et EF600C (qui viennent compléter les EF300 et EF600 existantes). Ces systèmes « tout-flash » sont destinés à répondre aux exigences des environnements médias, divertissement, calcul haute performance et bases de données critiques. Conçues exclusivement pour des disques NVMe QLC, ces baies 2U offrent jusqu’à 1,5 Po de capacité brute et des performances remarquables – l’EF300C délivre 350 000 IOPS tandis que l’EF600C atteint jusqu’à 1 000 000 IOPS. Héritières de la technologie Engenio et de l’évolution des E-Series, elles incarnent la vision d’un « SAN simple » en proposant une disponibilité à 6 neufs (99,9999 %) et, surtout, une grande flexibilité de configuration, permettant d’ajuster rapidement les paramètres pour privilégier soit les IOPS, soit le débit. La gestion se réalise via une interface conviviale, grâce à SANtricity System Manager pour les arrays individuels et à SANtricity Unified Manager pour une administration centralisée, enrichie par Active IQ qui fournit des analyses prédictives et des recommandations personnalisées.
Les baies SAN EF300C et EF600C combinent performances et grande capacité grâce à des disques NVMe QLC de 30 To et 60 To.
L’EF300C procure jusqu’à 1,5 Po de capacité brute avec 350.000 IOPS. L’EF600C monte jusqu’à 1.000.000 IOPS.
Parallèlement, NetApp complète son portefeuille avec le FAS50, un système de stockage hybride qui combine HDD et SSD pour offrir un équilibre optimal entre capacité et performance. Destiné notamment aux sauvegardes stratégiques et à l’intégration cloud via tiering, le FAS50 s’appuie sur le système d’exploitation ONTAP et supporte divers protocoles (NFS, SMB, iSCSI, Fiber Channel). Installé dans un format 4U (2U pour la base et 2U pour l’extension disques), il offre une capacité brute allant de 100 To à 10,6 Po et remplace l’ancien FAS8300 en proposant une performance 50 % plus rapide tout en occupant 33 % d’espace en moins dans le rack.
NetApp présente sa nouvelle baie hybride FAS50 comme la solution offrant le meilleur équilibre coût-performance du marché pour la gestion efficace des charges de travail secondaires
Une cybersécurité intégrée au stockage contre les ransomwares
Une étude menée par NetApp révélait il y a quelques semaines que plus de 54 % des organisations ont subi une cyberattaque au cours des 12 à 18 derniers mois, et qu’une sur cinq n’a pas pu récupérer les données perdues.
La modernisation du stockage passe par un durcissement de la résilience des données qu’il contient. Et face à ce constat, NetApp promeut l’adoption d’une infrastructure de données intelligente, intégrant des mesures de sécurité dès la conception, une classification avancée des données et une détection des menaces basée sur l’IA, afin d’améliorer la résilience des entreprises face aux cybermenaces.
Et pour lutter plus spécifiquement contre les ransomwares, NetApp mise aujourd’hui sur sa technologie ARP/AI, acronyme de Autonomous Ransomware Protection with AI.
« La sécurité, c’est ce qu’on demande par défaut à la donnée… » rappelle Philippe Charpentier pour qui ARP/AI est aujourd’hui un atout différenciant du portfolio NetApp.
S’appuyant sur l’IA et le machine learning, cette technologie surveille renforce la sécurité des systèmes de stockage contre les attaques par ransomware et certaines malveillances internes en surveillant en temps réel les opérations pour détecter les comportements anormaux. « À la moindre suspicion, elle crée automatiquement des snapshots, offrant ainsi des points de restauration immédiats… on a des success stories incroyables, notamment avec des hôpitaux, où les seuls équipements qu’ils ont pu remonter, ce sont les baies NetApp protégées par ARP/AI, » explique Philippe Charpentier.
Initialement réservée aux environnements NAS (NFS et SMB) de la gamme AFF, ARP/AI sera étendue cette année à la gamme ASA en mode bloc.
En outre, NetApp montre une confiance inébranlable dans la fiabilité de cette protection qu’elle annonce jusqu’à 80 heures de service professionnel gratuit en cas d’attaque avérée qui aurait réussi à contourner sa protection, garantissant ainsi une récupération rapide.
BlueXP, une console SaaS de plus en plus essentielle
Dernier axe majeur pour NetApp, l’intégration des scénarios hybrides et du Cloud avec notamment des partenariats stratégiques avec les hyperscalers. On le sait, en matière de Cloud, NetApp a profondément repensé sa stratégie au point de revendre ses services Spot à Flexera en janvier dernier.
Depuis des années, NetApp et Azure sont de proches partenaires. Et cette semaine, NetApp a annoncé une plus grande démocratisation de la solution de stockage de fichiers Azure NetApp Files. L’offre est désormais accessible dès une volumétrie de 50 Go. Cette nouvelle taille minimale permet d’ajuster le stockage aux besoins réels des petites charges de travail (comme Kubernetes ou de petites bases de données), réduisant ainsi les coûts liés au surprovisionnement.
En septembre 2024, NetApp a également renforcé son partenariat avec Amazon Web Services (AWS) en signant un accord de collaboration stratégique. Cet accord vise à accélérer les efforts en matière d’IA générative, à simplifier les transactions et à offrir des solutions CloudOps optimisées, permettant aux clients de bénéficier d’une infrastructure de données performante et évolutive pour des workloads modernes, tels que l’IA générative. Cette semaine, NetApp annonce une importante amélioration à l’offre « Amazon FSx pour NetApp ONTAP » avec l’introduction d’un package « AWS CloudFormation » qui change la donne en matière d’IaC (Infrastructure as Code). Via cette nouveauté, il est désormais possible de contrôler toutes les fonctionnalités ONTAP depuis les API de service CloudFormation et la console AWS offrant ainsi plus de flexibilité et de contrôler aux administrateurs Cloud.
Pour autant, la vraie pièce maîtresse de NetApp en matière de cloud demeure BlueXP, son inteface SaaS de gestion d’un stockage hybride, dispersé et multicloud. Elle offre aux entreprises une vision unique sur leur stockage NetApp sur site et dans le cloud, avec des fonctionnalités pour surveiller les performances, migrer des données et prévoir les goulots d’étranglement de capacité et de performance. « Elle procure notamment une pléthore de Dashboards pour surveiller les configurations, suivre et optimiser les consommations électriques, etc. » précise Philippe Charpentier. Et NetApp a également annoncé cette semaine de nouvelles fonctionnalités pour BlueXP à commencer par l’intégration de bonnes pratiques pour concevoir, configurer et exploiter des charges de travail clés avec Amazon FSx pour NetApp ONTAP et la prise en charge du service de Disaster Recovery BlueXP sur la nouvelle génération de baies ASA.
Mais l’annonce la plus importante est l’arrivée d’un Dashboard et service ‘BlueXP Ransomware Protection’. « La solution apporte un nouveau tableau de bord et toute sorte d’indications pour optimiser la protection des systèmes de stockage et s’assurer que les protections ARP/AI sont bien actives » résume Philippe Charpentier. Elle aussi intègre des exercices de préparation aux ransomwares, permettant aux organisations de simuler des attaques dans un environnement contrôlé pour analyser leur impact et rétablir rapidement les systèmes affectés. En planifiant des simulations réalistes à des intervalles définis, les équipes peuvent non seulement se préparer à faire face à des incidents réels, mais aussi obtenir des rapports détaillés qui mettent en lumière leurs points forts et les domaines nécessitant des améliorations.
Depuis longtemps, NetApp n’envisage plus le stockage comme une fin en soi, mais comme un levier stratégique pour transformer la gestion des données. Mais en se relocalisant sur des technologies de pointe et une approche intégrée, le constructeur retrouve un discours simple et efficace tout en proposant aux DSI non seulement des outils de performance, de résilience et de sécurité, mais aussi une vision adaptable aux défis d’un environnement numérique en constante évolution. Avec la volonté d’accompagner la nécessaire modernisation des infrastructures en mettant l’accent sur l’agilité, la protection proactive et l’optimisation énergétique, pour transformer ces impératifs en atouts compétitifs. Maintenant que la quasi-totalité de la gamme a été renouvelée, il sera intéressant de voir comment le constructeur compte faire évoluer ONTAP et son offre de services dans les semaines et mois à venir, alors que le marché du stockage reste toujours aussi fortement concurrentiel.
À LIRE AUSSI :
