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Nutanix .NEXT 2024 : Les 10 annonces que les DSI doivent retenir
Par Marie Varandat, publié le 06 juin 2024
De l’IA générative « On-Prem », du cloud hybride, du multicloud, des containers et des clusters kubernetes à foison, de la cyber-résilience, de l’écoresponsabilité… Nutanix a fait feu de tout bois lors de sa conférence « .Next 2024 ». En voici les 10 annonces clés pour tout comprendre à ce que l’éditeur prépare.
La semaine dernière, nous avons évoqué l’évolution de la vision de Nutanix et l’avenir « Run Everywhere » de sa plateforme. Un avenir qui passe par l’adoption plus large des containers et la transformation d’AOS à la sauce container afin d’offrir des services de stockage et de résilience natifs sur tous les clusters Kubernetes y compris ceux des hyperscalers (AWS EKS, Azure AKS, Google GKE…).
Forts de cet éclairage, nous allons ici nous focaliser plus en détail sur les principales annonces de la grande messe « Nutanix .Next », dont l’édition 2024 s’est tenue il y a une dizaine de jours en Europe, à Barcelone.
Voici les 10 annonces clés que les DSI doivent garder en tête :
1 – 10 ans de AHV
La plateforme Nutanix (avec son système de stockage réparti et hyperconvergé AOS) pensée pour manipuler des VMs à la tonne a toujours été relativement agnostique en matière d’hyperviseurs. Si au début, la plateforme s’appuyait surtout sur VMware, le besoin d’offrir aux clients une alternative maison s’est rapidement fait sentir. Ainsi est né AHV (Acropolis Hypervisor), un hyperviseur open source dérivé de KVM, optimisé pour AOS et devenu une brique essentielle de l’offre « Nutanix Cloud Platform », la solution de cloud privé hybride de l’éditeur.
Au fil des années, afin de réduire les coûts mais également profiter pleinement de toutes les briques de la Nutanix Cloud Platform, nombre d’entreprises ont choisi de faire évoluer leur infrastructure et d’adopter AHV en lieu et place de VMware voire Hyper-V. Désormais, 10 ans après sa naissance, AHV anime 70% des Nutanix Cores installés et plus de 17 000 entreprises clientes utilisent AHV en production. Et les migrations de vSphere vers AHV s’intensifient. Durant « Nutanix .Next 2024 », Gregg Lowe, CIO de Boyd Gaming, a raconté comment, avant même le rachat de VMware par Broadcom, son entreprise a cherché optimiser ses dépenses en supprimant la redondance des hyperviseurs et comment elle a récemment migré 5 100 VMs de VMware vers AHV. Autre exemple, Kevin O’Connor, CTP de Computershare, a expliqué – sans nommer vSphere – comment, anticipant les hausses de licences annoncées liées au rachat, son entreprise avait pris la décision de migrer en AHV près de 24 000 VMs !
Désormais, Nutanix veut étendre le support de AHV au-delà des serveurs hyperconvergés et permettre dès lors à l’hyperviseur de s’exécuter sur des nœuds uniquement de « Compute ». Objectif : permettre aux entreprises de réallouer des serveurs vSphere existants et en faire des nœuds de calcul AHV facilement intégrables à la plateforme HCI de Nutanix. Cet effort d’ouverture commence avec des serveurs CISCO UCS mais devrait s’étendre rapidement à d’autres partenaires à commencer par Dell (voir plus loin).
2 – Reconvertir les vSAN Ready Nodes en nœuds Nutanix
Dans cette même idée d’ouvrir AHV et la plateforme Nutanix à du matériel préexistant, l’éditeur a annoncé un effort de portage de son hyperviseur sur tous les serveurs certifiés « VSAN Ready Nodes ». Nutanix s’assure qu’AHV peut fonctionner sur ces boîtiers (ces serveurs conçus pour héberger le stockage VSAN de VMware), au cas où leurs propriétaires voudraient les réaffecter en nœuds HCI Nutanix avant leur fin de contrat de maintenance. Pas besoin d’être devin pour comprendre que cet effort vise à accélérer les migrations de VMware vers Nutanix pour ceux qui ne souhaitent pas devenir des clients Broadcom. Sont notamment visés tous les fournisseurs de services managés dont les infrastructures reposent souvent sur VSAN.
3 – Ouvrir l’hyperconvergence au stockage externe
Enfin, dernier effort majeur d’évolution de la plateforme AHV en dehors de son univers hyperconvergé, l’éditeur veut désormais permettre l’intégration d’un stockage externe préexistant dans une infrastructure Nutanix.
Et pour l’accompagner dans cet effort, l’éditeur s’est trouvé un partenaire de choix : Dell. À « .Next 2024 », Nutanix a annoncé non seulement que la Nutanix Cloud Platform serait disponible sur un vaste portfolio de serveurs Dell PowerEdge mais aussi et surtout l’intégration de baies PowerFlex au sein des infrastructures Nutanix. « Les entreprises qui ont besoin de faire évoluer le calcul et le stockage de manière indépendante pourront étendre de manière transparente le stockage évolutif linéaire de Dell au logiciel Nutanix » explique l’éditeur.
Et si cette ouverture est développée et expérimentée avec Dell, l’idée est cependant bien de permettre l’intégration de n’importe quelle baie de stockage IP dans les clusters Nutanix afin de profiter des fonctions avancées de la plateforme sur un stockage externe que l’on peut faire évoluer indépendamment des nœuds de compute et des nœuds HCI purs.
4 – La cybersécurité de Data Lens s’européanise
Nutanix Data Lens est une solution de cybersécurité des données en mode SaaS qui promet aux entreprises une résilience accrue face aux ransomwares et une vision étendue sur les risques cyber et sur les comportements des utilisateurs.
À .Next 2024, l’éditeur a annoncé l’extension de ses fonctionnalités de chasse aux ransomwares et de cybergouvernance au stockage objet (Nutanix Objects) en plus de Nutanix Files.
Mais surtout, et c’est essentiel pour un service SaaS de sécurité ayant des clients en Europe, Nutanix ouvre enfin un point de présence européen, à Francfort en Allemagne, afin de favoriser l’adoption de cette technologie sur le vieux continent et satisfaire aux contraintes règlementaires de localisation des données et de souveraineté.
5 – NKP : Nutanix à fond sur les containers
Tout comme vSphere, Nutanix a fait – au fil des années – évoluer sa plateforme (au départ conçue et pensée pour manier des VMs « à la tonne ») pour intégrer l’adoption croissante des containers. L’éditeur avait ainsi ajouté son propre moteur Kubernetes au-dessus d’AOS, dénommé Karbon puis renommé NKE (Nutanix Kubernetes Engine).
Mais alors que Gartner anticipe que d’ici 5 ans, 95% des entreprises auront des containers en production, Nutanix a détaillé l’évolution de sa vision pour permettre de déployer et opérer de façon cohérente des flottes de clusters Kubernetes dans des environnements multicloud. L’éditeur a ainsi annoncé NKP « Nutanix Kubernetes Platform » pour gérer, superviser et sécuriser les clusters Kubernetes, non seulement sur la plateforme Nutanix mais aussi nativement sur les moteurs Kubernetes des hyperscalers et sur n’importe quelle implémentation Kubernetes compatible CNCF.
Fruit du rachat de D2iQ (ex-Mesosphere) par Nutanix en décembre 2023, NKP vient chapeauter le moteur NKE de Nutanix mais aussi Google GKE, AWS EKS, Azure AKS et tout autre moteur Kubernetes standard. NKP se focalise sur les problématiques d’opérations IT : gestion du cycle de vie des containers et des clusters, observabilité, sécurité, workflow GitOps, catalogue de services, portabilité, mises à jour, backup/restore, etc. L’objectif est de permettre de déployer une infrastructure Kubernetes vraiment complète en quelques minutes au lieu de quelques mois, et d’apporter agilité et résilience aux applications modernes à grande échelle, sur tout type de cloud ou d’environnement edge.
NKP se décline en trois versions :
>> NKP Starter est inclus dans Nutanix Cloud Infrastructure et vient officiellement remplacer le moteur Nutanix Kubernetes existant (NKE), fournissant des clusters clés en main.
>> NKP Pro ajoute une suite de services cloud natifs pour aider à exécuter et exploiter en toute sécurité des clusters individuels.
>> NKP Ultimate apporte des capacités de gestion de flotte, y compris la capacité d’installer, d’exécuter et de surveiller les clusters dans le cloud public.
6 – Project Beacon : Des services stockage et database pour Kubernetes
Annoncé l’an dernier à l’occasion de « .Next 2023 », Project Beacon est un effort pluriannuel visant à créer une gamme de produits PaaS (Platform as a Service) qui fonctionnent sur n’importe quel cluster Kubernetes et donc n’importe quel Cloud pour offrir l’essentiel des services de données, de stockage et de cyber-résilience de Nutanix à l’univers Kubernetes sans imposer toute l’infrastructure logicielle de Nutanix Cloud Platform.
Project Beacon est la couche qui permet de concrétiser la vision « Build Once, Run Everywhere » en dehors des VMs et au-delà de ce que proposait jusqu’ici l’éditeur avec sa solution NC2 (Nutanix Cloud Clusters sur AWS et Azure). Cette couche technologique, composée de services PaaS, vise à découpler les applications et leurs données de l’infrastructure sous-jacente afin de permettre une vraie mobilité des workloads au sein d’un cloud hybride mais aussi entre les clouds.
Jusqu’ici, Project Beacon se composait des « Database Services », une adaptation de NDB (Nutanix Database Service, plus connu sous le nom de ERA) pour offrir une solution « DBaaS » universelle fonctionnant au sein de n’importe quel cloud (privé, hybride, public, edge).
À « .Next 2024 », Nutanix a étendu sa vision avec deux nouvelles briques :
– La première étend les services de fichiers et d’objets (Nutanix Files, Nutanix Objects) pour offrir un stockage fichiers et objets uniforme et universel sur tous les clouds : NCP, Azure, AWS, GCP, etc.
– La seconde, dénommée NDK, étend les services de données de Nutanix à n’importe quel environnement Kubernetes avec l’idée d’offrir les services de données/protection/résilience de son univers VM aux containers dans n’importe quel cluster Kubernetes, de façon native, y compris en s’appuyant directement sur les moteurs AWS EKS, Google GKE et Azure AKS.
7 – Cloud Native AOS : AOS à la sauce containers
Pour concrétiser les deux nouvelles briques du Project Beacon évoquées ci-dessus, Nutanix a décidé de containeriser le cœur de sa plateforme (son système AOS) pour qu’il puisse tourner dans n’importe quel cluster Kubernetes, offrant ainsi les services de données NDK (Nutanix Data Services for Kubernetes) de manière uniforme. Un cas d’usage typique d’une telle solution est d’apporter automatiquement une haute résilience et disponibilité aux applications en répliquant leurs données entre zones, régions ou même clouds, sans effort de développement complexe.
Cloud Native AOS est en cours de développement. Une preview est attendue en fin d’années sur AWS EKS qui sera suivie peu après en 2025 d’une version sur Azure AKS.
8 – GPT in a Box 2.0 : L’IA générative « on-prem » et « edge »
Lancée l’été dernier, Nutanix GPT-in-a-Box est une infrastructure IA clé en main permettant de rapidement et très simplement déployer et exécuter des modèles IA sur site ou dans le edge sans dépendre des clouds publics et des modèles « as a service » des clouds publics.
En un sens, GPT-in-a-Box est un service MaaS (Model as a Service) ‘On Prem’ pour votre propre datacenter où les modèles s’exécutent en local et où les données restent sous contrôle.
Une telle solution répond aux besoins de nombreuses entreprises qui considèrent l’IA comme une priorité mais font face à des défis de compétences, de sécurité des données et d’infrastructure. Selon Nutanix, exécuter l’inférence IA en local présente des avantages en termes de coûts, de conformité, de confidentialité et de latence. Car, le plus coûteux en IA, n’est pas l’apprentissage (qui n’est après tout qu’un workload qui s’exécute une fois à un instant t) mais l’inférence autrement dit l’usage massif de l’IA au quotidien par tous les utilisateurs et toutes les apps.
À l’occasion de « .Next 2024 », Nutanix a lancé GPT-in-a-Box 2.0 qui intègre désormais les microservices NVidia NIM et les modèles les plus populaires du catalogue Hugging Face préalablement validés et optimisés pour Nutanix GPT-in-a-Box. Via une interface simple, les utilisateurs peuvent facilement sélectionner, télécharger et déployer des modèles, puis les exposer comme API aux applications.
La solution cible à la fois les PME sans gros moyens et les entreprises ayant des contraintes de souveraineté des données. Elle inclut des fonctions avancées de stockage, sécurité et déploiement automatisé de l’IA jusqu’à l’edge.
9 – Le support d’EDB Postgres AI
PostgreSQL est le SGBDR open source en vogue, porté par sa compatibilité Oracle Database. Nutanix a annoncé à « .Next 2024 », un partenariat avec EDB connu pour sa distribution PostgreSQL Advanced Server et ses nombreuses extensions et services pour la compléter.
Désormais, l’offre EDB vient rejoindre la liste des bases de données officiellement supportée par le service DBaaS de Nutanix, NDB (ex ERA). Tarkan Maner, CCO de Nutanix, rappelle que « NDB automatise le provisionnement, le patching, le clonage et la protection des données pour accélérer le déploiement, soutenir les opérations du deuxième jour, maintenir la conformité et gérer les bases de données à l’échelle. ». Selon lui la collaboration entre Nutanix et EDB « va permettre à nos clients communs de déployer PostgreSQL dans les environnements d’entreprise les plus exigeants tout en augmentant la productivité des développeurs qui créent des applications sur PostgreSQL. »
L’annonce est d’autant plus importante qu’EDB a lancé « EDB Postgres AI » qui ajoute à PostgreSQL un support pour les données vectorielles, la recherche sémantique et les workloads RAG afin de moderniser le SGBDR et l’inscrire dans l’ère de l’IA.
10 – Nutanix Power Monitor : une note écoresponsable pour terminer
Le numérique responsable est à l’agenda de tous les DSI et Nutanix ne l’oublie pas. NCI (Nutanix Cloud Infrastructure) s’enrichit d’un nouvel outil de monitoring des consommations électriques qui s’appuie sur les mesures en temps réel fournies par le matériel. Désormais, les DSI peuvent donc visualiser ces métriques dans le tableau de bord Prism Central, générer des rapports et analyser la consommation énergétique de leur environnement Nutanix et des différents workloads qui s’y exécutent.
En plein chaos engendré par le rachat de VMware par Broadcom, Nutanix a, sur ce « .Next 2024 », confirmé son statut d’alternative et de solution de repli de référence tout en offrant le visage d’un éditeur désormais bien inscrit dans le paysage des infrastructures IT avec une vision à long terme ancrée sur les containers et la concrétisation de multicloud hybride anticipé par les entreprises depuis quelques années déjà. Il n’en fallait pas moins alors que les géants du Cloud poussent de leur côté pour embrasser le cloud hybride grâce à Kubernetes et que la perte de confiance en VMware aiguise l’appétit de concurrents comme Proxmox ou Red Hat…
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