Gouvernance

L’OPAC 71 teste les outils low-code sur une app mobile

Par François Jeanne, publié le 04 mars 2024

Contraint par des budgets serrés d’explorer de nouvelles façons de produire des applications, le bailleur social s’est tourné vers OutSystems et son environnement de développement. Un choix subi au départ, mais finalement payant, grâce à la mobilisation des métiers et à la simplicité d’intégration de l’app produite au SI existant.

La situation de l’OPAC 71, le bailleur social du département de Saône-et-Loire, n’est certes pas la même que celle de ses homologues des grandes métropoles. « Ici, nous avons des logements vacants. Et notre objectif est d’attirer et de fidéliser les locataires, explique en effet Jean Quetu, DSI de l’OPAC. Pour rendre notre offre plus attractive, nous avons donc notamment une politique de digitalisation très active. » En particulier pour rendre le CRM plus efficace.

Cette volonté de transformation digitale s’est toutefois heurtée récemment à un mur, financier celui-là.
« La décision de l’État de réduire les Aides Personnalisées au Logement (APL) a directement affecté les revenus locatifs perçus par l’OPAC. Afin d’annuler l’impact financier sur les locataires, une Réduction de Loyers de Solidarité (RLS), destinée à ceux dont les revenus se situent en dessous de certains plafonds, est prise en charge par les bailleurs sociaux. »
En conséquence, moins de financement disponible pour les projets de la DSI, qui ne s’est pas découragée pour autant : « Nous avons cherché à faire aussi bien que prévu, mais pour moins cher. »

La rapidité de développement

C’est dans ce contexte que l’approche low-code a été testée, sur une application mobile destinée dans un premier temps aux agents de l’OPAC qui contrôlent l’état des communs dans les bâtiments, ainsi qu’aux gardiens de ces immeubles. Jean Quetu reconnaît volontiers que sans ces circonstances, il en serait peut-être resté un certain temps à sa vision initiale des outils de développement low-code, « une espèce d’informatique du pauvre », selon ses termes. « Je considérais qu’ils pouvaient éventuellement servir à réaliser des POC, mais pas pour aller jusqu’à une mise en production. Ma vision a évolué au vu de l’atteinte des objectifs au-delà des espérances initiales. »

Une fois la décision prise, une équipe pluridisciplinaire est constituée avec des représentants de la DSI et des métiers. « Ce sont eux qui ont eu un chemin important à accomplir. Ils ne se voyaient pas comme des développeurs. Il a fallu mettre en place un tutorat, avec un accompagnement régulier d’environ un jour par semaine de la part d’OutSystems, l’éditeur de l’outil. »


À LIRE AUSSI :


Nonobstant ces adaptations culturelles, les premiers résultats sont rapidement acquis. En trois semaines, une première version de l’app est prête pour des tests. Après les avoir menés avec une agence de l’office, et une fois prises en compte les demandes d’enrichissements et de simplification formulées par les utilisateurs, elle est déployée en novembre 2022, huit semaines après le début du projet. Elle assure quatre fonctions principales : un contrôle de la propreté des locaux ; une veille dite patrimoniale qui consiste à surveiller l’état général des bâtiments ; la gestion des sollicitations en partie commune (à destination plus particulièrement des gardiens) ; et enfin le contrôle de l’exécution des travaux, sous-traités ou non. « L’application est pour l’instant réservée aux personnels de l’OPAC, gardiens d’immeubles inclus. Cela représente une centaine d’utilisateurs au total. Dans une seconde étape, elle sera mise à disposition de nos fournisseurs. Et plus tard, sans doute étendue aux résidents, notamment pour le signalement de dysfonctionnements », précise Jean Quetu.

L’OPAC 71 n’est pas en manque de logements disponibles, mais plutôt de locataires à séduire et à fidéliser. La digitalisation des processus et des échanges fait partie des solutions pour y parvenir. Les outils low-code permettent d’atteindre ces objectifs malgré des budgets sous contrainte.

Le DSI a fait ses calculs. Dans une approche plus classique, avec recueil des besoins, rédaction d’un cahier des charges, appels d’offres éventuels, développements – effet tunnel inclus –, un tel projet aurait pris environ six mois pour aboutir à une première version. Sans compter les itérations suivantes pour l’adapter aux retours des utilisateurs…

Un interfaçage express avec le SI

Parmi les autres points positifs de ce premier projet, l’interfaçage de l’app produite avec le système d’information de l’OPAC n’a pris qu’une heure ! C’est la conséquence d’une configuration particulière, explique le DSI : « Nous n’avons pas d’ERP à proprement parler, mais plutôt une série d’applications métiers habituées à échanger entre elles. Il y a donc une habitude de la création d’API. Et avec cet outil de low-code, elle est facile et naturelle. »

Jean Quetu

DSI de l’OPAC de Saône-et-Loire

« Je considérais que les outils low-code pouvaient éventuellement servir à réaliser des POC, mais pas pour aller jusqu’à une mise en production. Ma vision a évolué au vu de l’atteinte des objectifs au-delà des espérances initiales. »

Côté stockage, l’environnement OutSystems, proposé en mode SaaS, fournit une base de données, mais chaque terminal utilisateur dispose également d’une copie partielle des informations, ce qui permet le travail en mode déconnecté. « On peut parler de temps réel à l’échelle de nos pratiques, explique le DSI, puisqu’une fois les informations remontées dans la base centrale, la diffusion dans les applications métiers de l’OPAC via les API s’effectue en quelques secondes. »

Une mesure de l’adhésion essentielle

Le DSI fait état d’un bilan largement positif pour cette première mise en oeuvre, avec quelques surprises à la clé. Durant la période de tests, les utilisateurs ont en effet signalé qu’ils avaient trop d’informations qui leur arrivaient, au risque d’être submergés. Il a donc fallu repenser les circuits afin qu’une information spécifique ne soit envoyée qu’à ceux qui en ont effectivement besoin pour les tâches qu’ils accomplissent. « Finalement, se remémore Jean Quetu, le plus long dans ce projet n’a pas été le développement en lui-même, qui n’a duré que quelques semaines, mais bien l’accompagnement des équipes de terrain pour qu’elles utilisent effectivement l’application ».


À LIRE AUSSI :


Il insiste d’autant plus sur ce point que la rapidité de production des app en mode low-code pourrait faire naître la tentation, coté IT comme côté métiers, d’en mettre de plus en plus en chantier. Or il ne faut surtout pas oublier que « le plus important dans le succès d’une telle démarche, c’est le taux d’adhésion et d’utilisation, donc sa mesure ». Un exercice qui demande du temps, sans doute peu compressible au contraire de celui des développements.

On pourrait également se demander si cette accélération de la circulation des alarmes sur les travaux à effectuer dans les immeubles a eu un effet sur le raccourcissement des délais pour leur réalisation. Mais il est encore trop tôt pour en juger, selon le DSI. « Je pense que le vrai plus portera plutôt sur la vérification des travaux réalisés. Avec cette application, nos agents sont finalement plus efficaces, et comme les informations relevées remontent plus vite et automatiquement, sans saisie ultérieure, il y a une vraie amélioration de leur présence effective sur le terrain. » Et de conclure : « Le numérique ne peut certainement pas résoudre tous les problèmes… mais il permet sûrement de revenir sur le terrain. »
Un vrai plus pour la relation avec les résidents des immeubles de l’OPAC.


Les Chiffres du Projet

100 utilisateurs actuels de l’app

3 semaines pour produire une première version

8 semaines  jusqu’à la mise en production


L’entreprise OPAC71

Activité : Gestionnaire de logements sociaux (27 000 appartements)
Effectif : 544 collaborateurs
CA       : 103 M€ en 2022



À LIRE AUSSI :

À LIRE AUSSI :

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights