RH

Pandémie et santé mentale des salariés : des effets à long terme

Par Laurent Delattre, publié le 30 octobre 2020

Alors que la France se reconfine et que les entreprises remettent l’essentiel de leurs forces actives en mode télétravail, une nouvelle étude menée par Oracle et Workspace Intelligence s’inquiète de la santé mentale des collaborateurs…

Selon une nouvelle étude menée par le cabinet RH Worplace Intelligence et l’éditeur Oracle, l’année 2020 est perçue par les salariés comme l’année la plus stressante de l’histoire, pas celle avec un grand H mais leur histoire à eux.
Sans surprise, l’étude montre en effet que la pandémie a apporté stress, anxiété et épuisement professionnel dans les 11 pays interrogés. 71% des Français affirment avoir subi davantage de stress et d’anxiété au travail cette année par rapport aux années précédentes (70% au niveau mondial).

En France, 75% des salariés affirment que la pandémie a eu des effets négatifs sur leur santé mentale (78% au niveau mondial). Le stress, mais aussi les déséquilibres engendrés entre vie professionnelle et familiale, l’épuisement professionnel induit par les changements relationnels et les bouleversements des processus, la dépression liée à l’absence de socialisation et le sentiment de solitude ont profondément marqué les collaborateurs en France comme un peu partout dans le monde.
Dans un même ordre d’idées, 86% des Français interrogés affirment que les problèmes de santé mentale au travail, comme le stress, l’anxiété ou la dépression affectent leur vie privée. Signe des temps, ce sont les jeunes générations (22-25 ans) qui semblent en pâtir le plus avec 94% qui partagent ce sentiment. Il en résulte un manque de sommeil (40% des personnes interrogées), une santé physique détériorée (35%), une dégradation du sentiment de bonheur à la maison (33%), la complication des relations familiales (30%) et une forme d’isolement social (28%).

Dans un tel contexte, 27% des Français interrogés confient se sentir surmenés. D’autant qu’au stress provoqué par l’atmosphère anxiogène se sont ajoutées des pressions supplémentaires pour atteindre les objectifs de performance (chez 42% des salariés), des pressions nouvelles dans la gestion des tâches routinières (chez 41% des salariés) et la nécessité de jongler avec des charges de travail jugées comme ingérables (chez 41% des salariés).

Pourtant, 64% des salariés Français interrogés estiment aujourd’hui que le télétravail est plus attrayant maintenant qu’avant la pandémie. Même s’ils se montrent réalistes et conscients des inconvénients imputables à ce mode de travail, ils apprécient de pouvoir consacrer plus de temps à leur famille (51%), à dormir (31%) mais aussi à leur travail (30%) grâce aux économies de temps de transport réalisées.

Bien évidemment l’étude dérive ensuite sur une problématique qui focalise beaucoup le marketing d’Oracle ces derniers temps : l’intégration des robots logiciels (RPA) et de l’IA dans les processus métiers. Selon l’étude si seulement 8% des salariés en France étaient enthousiastes à l’idée d’avoir recours à l’IA en 2019, ils sont aujourd’hui 68% à se dire ouverts à l’idée d’avoir recours à un robot ! Ce qui fait dire à Oracle que « la pandémie de COVID-19 a vraiment bousculé les mentalités en peu de temps… »

Selon l’étude, les salariés ont besoin d’aide et préfèrent chercher du soutien auprès de la technologie plutôt que solliciter l’aide de leur manager… Cependant les Français restent les plus prudents face à une telle intrusion de l’IA et des robots logiciels dans leur quotidien professionnel. Si 31% des salariés dans le monde estiment qu’une IT peut leur fournir des informations les rendant plus efficients, seuls 19% des Français partagent leur avis. De même si 27% des salariés à l’international estiment que l’IA peut contribuer à réduire leur stress, cet avis n’est partagé que par 19% des Français.
Cependant, 60% des répondants français préfèreraient parler de leurs problèmes de stress et d’anxiété à un robot plutôt qu’à leur manager !

Sur un ton moins léger, l’étude alerte sur le fait que les problèmes de santé mentale au travail vont perdurer et ne doivent pas être ignorés. Les entreprises doivent s’en émouvoir et doivent agir d’autant que plus de 40% des salariés reconnaissent que le stress, l’anxiété et la dépression font chuter leur productivité et peuvent les conduire à prendre de mauvaises décisions.
L’étude apporte ainsi des confirmations à ce que chacun pouvait déjà percevoir dans son entreprise et comme l’explique Dan Schawbel, managing partner de Workplace Intelligence « la pandémie a replacé la santé mentale sur le devant de la scène, c’est d’ailleurs l’une des principales préoccupations sur le lieu de travail de notre temps et elle le sera encore pendant la prochaine décennie ».


Source :
Oracle : As uncertity remains, anxiety and stress reach a tipping point at Work

 

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