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Pasqal dévoile sa roadmap quantique jusqu’en 2028
Par Laurent Delattre, publié le 13 mars 2024
Dans sa quête pour imposer sa technologie à atomes neutres et permettre à l’informatique quantique d’émerger des laboratoires de recherche, Pasqal dévoile une ambitieuse roadmap portée par une stratégie sur plusieurs fronts couvrant à la fois le développement de processeurs quantiques plus puissants (avec plus de qubits, plus d’opérations par calcul, plus de stabilité), la fabrication de machines quantiques commerciales à installer sur site, et le développement d’applications prêtes à entrer en production.
Avec Quandela et Alice&Bob, Pasqal est l’une des deeptechs françaises stars de l’écosystème naissant de l’informatique quantique. La jeune pousse a développé une machine analogique quantique basée sur des atomes neutres piégés par des lasers. Leur technologie utilise des atomes de rubidium comme qubits, qui sont manipulés par des lasers pour effectuer des calculs quantiques. Selon Pasqal, cette approche permet de créer des systèmes quantiques hautement contrôlables et évolutifs.
Même si Pasqal a en point de mire des ordinateurs quantiques universels, ses premières machines comme le Fresnel sont des machines quantiques dites « analogiques » où les qubits sont manipulés directement par des champs électromagnétiques, plutôt que par des commandes numériques comme dans les ordinateurs quantiques à porte logique.
Ces machines analogiques n’en demeurent pas moins programmables et pourraient avoir dès à présent des applications dans l’optimisation, la simulation quantique, et la chimie quantique.
Inspiré par les méthodes marketings américaines — qui font parfois défaut aux européens dans leur quête de renommée internationale — Pasqal a publié cette semaine « sa roadmap » en réponse à celles récemment dévoilées par IBM, QuEra, Infleqtion ou encore D-Wave. Comme nous l’expliquait récemment Pierre Jaeger, Quantum Strategic Partnership Executive chez IBM, une telle roadmap n’est pas qu’un outil marketing. C’est aussi un moyen d’informer et d’emmener avec soi l’écosystème de partenaires et de clients et une forme d’engagement qui motive les équipes en interne et éclaire la vision à long terme.
La roadmap proposée par Pasqal comprend à la fois des objectifs en matière de hardware avec le développement de machines quantiques plus performantes et des objectifs en matière de logiciels et donc d’utilisation pratique des machines quantiques.
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Une roadmap vers l’ordinateur quantique FTQC en 2028
Côté hardware, Pasqal veut désormais faire sortir sa technologie des atomes neutres des laboratoires et améliorer continuellement les performances de ses machines. La deeptech annonce la commercialisation en 2024 de machines quantiques de 100 qubits — les machines Fresnel — produites par la nouvelle usine récemment créée à Sherbrooke au Quebec.
Par ailleurs, elle travaille sur sa prochaine machine dénommée « Orion Beta » qui doit voir le jour avant la fin de l’année. Elle sera dotée de 1000 qubits et supportera environ 5 millions d’opérations de portes quantiques. Les machines « Orion Beta » pourront être commandées pour des installations « on-premises » fin 2024/début 2025 et Pasqal aurait même déjà des précommandes. Parallèlement, Pasqal espère finaliser en 2025 le successeur dénommé « Orion Gamma » qui devrait offrir des portes « ultra haute-fidélité » et ainsi supporter jusqu’à 10 millions d’opérations. Enfin, Pasqal vise les 10.000 qubits à l’horizon 2026 avec une nouvelle architecture évolutive à qubits logiques grâce à un nouveau processeur quantique dénommé Vela. Avec cette machine, Pasqal espère améliorer les taux de répétition par 3 et prendre en charge jusqu’à 40 millions de « gate operations ».
Selon les informations récoltées par GQI, la roadmap de Pasqal ne s’arrête cependant pas là. Les chercheurs de la Deeptech imaginent déjà pour 2027 un processeur Pegasus, toujours doté de 10.000 qubits, mais offrant une profondeur algorithmique bien supérieure allant jusqu’à 200 millions d’opérations.
Au-delà, Pasqal entrevoit un nouveau processeur quantique dénommé Centaurus, leur premier QPU à tolérance de panne intégrée (donc de génération FTQC, Fault Tolerant Quantum Computing) offrant cette fois 128 qubits logiques (fruits de la combinaison de milliers de qubits physiques) et 200 millions d’opérations de portes quantiques.
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Des applications quantiques en production dès 2025…
Bien évidemment la livraison dès cette année de machines quantiques Pasqal, à différents centres de recherche et premiers clients, permet l’exploration de nouveaux cas d’utilisation et stimule le développement de premières applications quantiques. En collaboration étroite avec plus de 50 entreprises et organisations, Pasqal a identifié des algorithmes – applicables à ses premières machines – en matière d’apprentissage automatique des graphes, d’optimisation et d’équations différentielles. Ces algorithmes vont passer de la phase de planification actuelle à la phase de développement avec une utilisation possible en environnement de production à partir de 2025.
En appui sur son réseau mondial d’innovateurs, de chercheurs et de leaders de l’industrie regroupés au sein de sa Quantum Community, Pasqal veut stimuler le développement des futures applications d’informatique quantique dans diverses industries. Pour mieux informer ceux qui sont intrigués par la technologie quantique, la startup lance une plateforme cloud conçue pour initier les entreprises à l’informatique quantique à atomes neutres. Dénommée Quantum Discovery, elle veut aider les chefs d’entreprise et les responsables techniques à comprendre les principes fondamentaux de l’informatique quantique, à expérimenter les processeurs de Pasqal et à identifier les cas d’utilisation potentiels au sein de leur organisation. La plateforme offre un environnement convivial pour un apprentissage à la fois indépendant et collaboratif.
Elle vient compléter deux autres initiatives : la librairie Python Qadence (qui simplifie le développement de programmes quantiques analogiques et numériques-analogiques, pour concrétiser du Machine Learning quantique) et l’outil de développement quantique en No-Code « Pulser Studio » (qui permet d’explorer sans aucune programmation les capacités de ses ordinateurs quantiques). Dans les prochains mois, Pulser Studio va s’enrichir d’algorithmes développés avec Qadence, de « solvers » mais aussi de nouveaux émulateurs des futures machines Pascal.
Reste maintenant à tenir cette ambitieuse roadmap. Pas simple. La plupart des roadmaps publiées par les acteurs du quantique (comme IonQ, Rigetti, Quantinuum…) n’ont pas vraiment été tenues ces dernières années. Seul IBM se démarque avec une rare capacité à garder ses développements alignés avec sa roadmap depuis plusieurs années déjà ! À Pasqal de démontrer qu’elle peut en faire autant !
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