Secu
Plongée au cœur des attaques de la Supply Chain logicielle
Par La rédaction, publié le 31 décembre 2024
Le développement logiciel est confronté à des défis importants pour sécuriser des chaînes d’approvisionnement de plus en plus complexes. De la validation du code au déploiement, la Supply Chain logicielle est vulnérable. Le renforcement de cet écosystème nécessite une compréhension approfondie des surfaces d’attaque, l’analyse des vulnérabilités réelles et un engagement envers la recherche continue et le hacking éthique.
Par Roni Carta, co-fondateur de Lupin & Holmes.
L’ère numérique a révolutionné le développement logiciel, favorisant des écosystèmes interconnectés où les composants open-source et les bibliothèques tierces sont des éléments constitutifs essentiels. Cette interconnexion, appelée la Supply Chain logicielle, peut ouvrir la voie à des vulnérabilités.
Un seul des composants de la chaîne, qu’il s’agisse d’une bibliothèque populaire ou d’une dépendance un peu “niche”, s’il est compromis, peut avoir des effets en cascade, affectant potentiellement des millions d’utilisateurs et de systèmes. Les attaques de la chaîne d’approvisionnement, ciblant les fondements mêmes du développement logiciel, sont devenues une préoccupation majeure pour les organisations de toutes tailles. Selon une enquête, 59% des organisations auraient déjà fait face à une attaque de Supply Chain logicielle.
Ces attaques exploitent les vulnérabilités du cycle de vie du développement logiciel, depuis la validation initiale du code jusqu’au déploiement final, en ciblant les sources, les processus de construction, les mécanismes de distribution et les dépendances. Comprendre l’étendue et la profondeur de ces attaques est crucial pour développer des stratégies de défense efficaces.
SLSA, devenu un standard pour la sécurité de la chaîne d’approvisionnement, offre un cadre, une liste de normes et de contrôles visant à empêcher la falsification, améliorer l’intégrité et sécuriser les paquets et l’infrastructure en vérifiant d’une part l’intégrité de la source, ce qui nécessite de s’assurer que les modifications de code reflètent l’intention du développeur par l’approbation de deux personnes, et d’autre part l’intégrité de la construction, ce qui garantit que les constructions utilisent des sources et des dépendances correctes et non modifiées, sans altération des artefacts. La dernière vérification concerne la disponibilité. Elle vise à garantir la capacité future de construction/maintenance ainsi que l’accès à tout le code/historique pour d’éventuelles investigations.
Cette liste de contrôle doit être appliquée à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement logicielle, et notamment les serveurs Artifactory agissants comme des référentiels pour la gestion des dépendances internes et externes, et souvent négligés. Leur fonctionnalité complexe, gérant le stockage des paquets, le versionnage et le contrôle d’accès, en fait un vecteur d’attaque important. Des contrôles de sécurité stricts, des audits réguliers et une surveillance robuste sont essentiels pour protéger ces systèmes critiques.
Elle doit également être appliquée aux dépendances, à savoir la multitude de paquets utilisés dont la gestion et la sécurisation s’avèrent complexes. Les organisations doivent mettre en œuvre des stratégies pour auditer, mettre à jour et valider régulièrement leurs dépendances, minimisant ainsi le risque d’incorporer des composants compromis. Les conflits de dépendances surviennent lorsque plusieurs logiciels dépendent de versions différentes et incompatibles d’une même bibliothèque partagée. Puisqu’une seule version de la bibliothèque partagée peut généralement être installée à la fois, la résolution du conflit implique souvent la mise à niveau ou le déclassement d’autres paquets, ce qui peut alors déclencher d’autres conflits de dépendances en cascade.
Les attaquants ciblent la chaîne d’approvisionnement logicielle en exploitant les dépendances, les processus de construction et les référentiels. Leurs techniques incluent la confusion des dépendances, le typosquattage (pour inciter au téléchargement de paquets malveillants depuis des référentiels publics), la compromission de paquets légitimes ou la création de paquets malveillants.
Les systèmes et outils de construction sont un autre point de vulnérabilité. Les attaquants peuvent compromettre le serveur de construction lui-même ou exploiter des vulnérabilités dans les outils pour injecter du code malveillant. Les référentiels et les canaux de distribution sont également ciblés par le biais de compromissions directes, d’empoisonnement du cache ou d’attaques sur les référentiels miroirs.
Enfin, les développeurs eux-mêmes peuvent être ciblés par le biais d’attaques de dépendances, d’ingénierie sociale ou encore de phishing pour obtenir l’accès aux systèmes et injecter du code malveillant.
Bien que l’atténuation des complexités des chaînes d’approvisionnement logicielles modernes nécessite une approche multidimensionnelle, l’automatisation de la détection des vulnérabilités peut réduire considérablement la surface d’attaque.
Un développement axé sur la recherche, privilégiant l’expérimentation et l’analyse des résultats inattendus, est fondamental. Cette approche itérative, centrée sur les tests d’hypothèses, permet une amélioration continue et une adaptation face aux nouvelles menaces.
L’évaluation des vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement soulève par ailleurs des questions éthiques, notamment lors de la simulation de scénarios potentiellement dangereux. Il est crucial d’intégrer des pratiques responsables, comme l’utilisation d’environnements contrôlés et la restriction d’accès aux données sensibles, afin de minimiser les risques.
Enfin, il est primordial de sensibiliser les développeurs aux enjeux de sécurité grâce à des formations spécifiques. En leur permettant d’identifier et de contrer les techniques des attaquants, on évite qu’ils ne deviennent le maillon faible de la chaîne d’approvisionnement logicielle. Il est crucial de travailler de concert pour protéger le réseau complexe de notre monde numérique.
À LIRE AUSSI :
À LIRE AUSSI :
À LIRE AUSSI :
À LIRE AUSSI :