Pourquoi faut-il encore investir dans le mainframe

Chris O’Malley, President of Mainframe Business chez Compuware

Le mainframe est, depuis longtemps déjà, la cible de toutes les critiques, au point que certains spécialistes émérites prédisent chaque année sa mort imminente, au profit de systèmes distribués jugés plus flexibles, plus économiques et plus performants. Pourtant, le mainframe est toujours là. Selon une étude d’IBM et IDC, 13 % de l’économie française reposerait sur une plateforme mainframe, soit l’équivalent de 240 milliards d’euros d’activité. 65 % des applications critiques dans les entreprises utilisatrices seraient ainsi supportées par un environnement mainframe. Et selon une étude de VansonBourne, plus de la moitié des DSI jugent que ces applications mainframe constitueront toujours un élément incontournable au sein de leur entreprise dans les dix prochaines années. Et ils ont raison.

L’économie digitale est avant tout celle de la performance. Mobilité, big data, réseaux sociaux, Internet des objets, etc.: les entreprises doivent désormais être en capacité de gérer un énorme volume de données, générées sur des milliards de terminaux par des utilisateurs de plus en plus impatients et exigeants. La tolérance zéro est désormais de mise en matière de disponibilité et de rapidité, quels que soient le lieu, l’heure et le device utilisé.

UNE RÉPONSE ADAPTÉE AUX ENJEUX DE L’ÉCONOMIE DIGITALE

Dans cette course effrénée à la performance, les entreprises se sont tournées ces dernières années vers le cloud et les infrastructures virtualisées qui offrent des ressources disponibles et évolutives à la demande. D’aucuns diront que le cloud a scellé le destin du mainframe en y opposant une alternative à la fois flexible, légère et économique. Pourtant, à y regarder de près, le mainframe n’a rien à lui envier.

Que ce soit en termes de coûts, de performance ou d’évolutivité, le mainframe est en réalité loin de l’idée que l’on s’en fait. N’oublions pas que le mainframe est massivement utilisé dans les secteurs bancaires et financiers qui gèrent en temps réel les données confidentielles de centaines de milliers d’utilisateurs dans le monde. L’environnement mainframe est, par essence, capable de supporter une quantité quasi infinie de transactions et de données de manière sécurisée. Et sa capacité unique d’évolution et d’adaptabilité en continu en fait aujourd’hui l’infrastructure la plus fiable et la plus performante qui soit sur le long terme.

LONGÉVITÉ N’EST PAS SYNONYME D’OBSOLESCENCE

Tandis que les dernières générations considèrent souvent le mainframe comme une sorte de relique des temps anciens, sa longévité (50 ans l’année dernière) ne lui enlève en rien sa valeur, bien au contraire. D’abord parce que le mainframe constitue à lui seul un inestimable recueil de capital humain, financier et intellectuel accumulé au fil des ans, soit autant d’expériences et de connaissances sur lesquelles les entreprises peuvent s’appuyer pour affiner leur stratégie. Ensuite parce que, loin de s’être laissées scléroser, les applications mainframe n’ont cessé de s’adapter pour suivre les évolutions successives des entreprises. Il faut dire qu’autour du mainframe s’est progressivement développée une certaine culture de l’excellence et de l’innovation, poussant les « mainframers » à suivre l’état de l’art des solutions les plus à même de répondre aux bouleversements techniques, stratégiques et économiques des entreprises.

En a découlé, au cours de ces dix dernières années, un certain nombre d’évolutions significatives  : convergence des outils de programmation grâce à des environnements de développement intégré (IDE) pour mobile, web et mainframe  ; intégration possible de technologies open source  ; modernisation du look and feel  et mise en œuvre de nouvelles interfaces graphiques plus ergonomiques que les traditionnels « écrans verts»  ; introduction du système zEntreprises d’IBM, permettant de gérer à la fois mainframe et systèmes distribués au sein d’une seule plateforme…

LA PLATEFORME INCONTOURNABLE DES VINGT PROCHAINES ANNÉES

Ce n’est donc pas un hasard si le mainframe est aujourd’hui considéré par la majorité des acteurs de son écosystème comme adapté aux projets développés autour de la mobilité, du cloud, du big data ou des réseaux sociaux. Que ce soit en termes de performances, de sécurité, de gouvernance ou de capacité d’intégration, le mainframe se positionne plus que jamais comme une plateforme d’avenir. À condition de consentir à investir en faveur de sa modernisation. Et cette modernisation doit être pensée sur le long terme, en la séquençant brique par brique, pour analyser systématiquement les points d’amélioration de la plateforme elle-même, des applications qu’elle supporte, des environnements tiers qu’elles intègrent, etc.

Qu’il s’agisse à terme de déployer des applications sur mobile, de réduire les cycles de traitements par lots ou encore d’assurer sa conformité aux réglementations et à leurs évolutions, les entreprises qui acceptent d’investir dans le mainframe s’assurent d’améliorer de manière significative et durable la qualité du service qu’elles fournissent à leurs utilisateurs. Tout en maîtrisant les dépenses associées sur le long terme. Car tout ceci mis bout à bout, l’exploitation du mainframe s’avère finalement moins onéreuse que ce que l’on imagine de prime abord.

Enfin, cette capacité d’adaptation est aussi probablement ce qui pourra sauver le mainframe de la pénurie annoncée de compétences, en le réhabilitant auprès de la jeune génération de digital natives qui rentre actuellement sur le marché du travail en étant davantage formées aux technologies cloud, mobile ou SOA.

Trouver des compétences en matière de mainframe relève certes encore du parcours du combattant, mais de nombreuses initiatives, notamment au sein d’écoles d’ingénieurs, tendent à réduire progressivement le gap entre les besoins des entreprises et les compétences effectivement disponibles. Le mainframe est un environnement d’avenir, y compris en termes d’emploi.