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Prévisions 2023 : des opportunités de croissance pour les datacenters dans un contexte incertain
Par La rédaction, publié le 20 décembre 2022
Le jeu des prévisions n’est pas aisé. 2022 en a été la preuve. Qui fin 2021 aurait pu prévoir la guerre en Europe et la crise énergétique? Deux réalités aux impacts majeurs y compris sur les datacenters. Or avoir de la visibilité à long terme est essentiel dans l’univers des centre de données. Essayons d’imaginer les opportunités 2023…
Par François Debray, Chef Produit Onduleurs et solutions associés, Division Datacenter chez Eaton
Dire que 2022 a été une année de perturbations est un euphémisme. L’année dernière, une grande partie des perspectives du secteur des datacenters concernait l’équilibre entre la croissance de la digitalisation et des pratiques plus durables. Nous n’avions pas prévu les conséquences des perturbations massives affectant le paysage géopolitique, notamment l’irruption de la grave crise énergétique à laquelle nous faisons face.
La situation actuelle réaffirme l’importance de traiter les questions soulevées l’an passé, tout en apportant son lot de nouveaux défis. Grâce notamment à la digitalisation, de nouvelles opportunités et technologies se mettent en place pour faire face à ces nouveaux challenges.
Voici, selon nous, quelques prévisions pour le secteur des datacenters en 2023 et les années à venir.
Une incertitude énergétique
Le plus gros problème auquel nous sommes confrontés actuellement est le prix extraordinairement élevé de l’énergie. Les coûts sont montés en flèche au point de devenir une véritable préoccupation pour les gros consommateurs d’énergie, tels que les propriétaires de datacenters. Peuvent-ils répercuter ces coûts sur leurs clients ? Les prix continueront-ils à augmenter ? Disposent-ils de la trésorerie nécessaire pour gérer ce phénomène dans leur modèle économique ? Si l’argument en faveur d’une stratégie de production renouvelable a toujours été axé sur la durabilité et l’environnement, le besoin de développement des énergies renouvelables locales est actuellement lié à celui de protéger l’approvisionnement des pays européens, principalement pour des questions de sécurité énergétique et de coût.
Microsoft, par exemple, a fait un pas dans cette direction. Son datacenter de Dublin est équipé de rangées de batteries lithium-ion reliées au réseau électrique afin d’aider les exploitants de réseaux à fournir une alimentation ininterrompue dans le cas où les énergies renouvelables ne suffisent pas à répondre à la demande.
Cette nécessité d’accélérer la production d’énergie renouvelable est dans la continuité des prévisions réalisées l’an dernier. Elle s’est cependant nettement amplifiée. Pour les gouvernements d’Europe, cela devrait servir de signal d’alarme leur faisant comprendre qu’ils ne peuvent plus compter sur les sources d’énergie traditionnelles.
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Des chaînes d’approvisionnement brisées
La pandémie a eu un impact considérable sur les chaînes d’approvisionnement mondiales dans de nombreux secteurs. Quand elle a commencé à reculer, les entreprises du monde entier ont été bercées d’un sentiment illusoire de sécurité, en pensant avoir traversé le pire.
Personne ne s’attendait à la crise géopolitique qui s’ensuivit et qui s’est avérée encore plus perturbante que la COVID pour certaines chaînes d’approvisionnement ; notamment en ce qui concerne les semi-conducteurs et les métaux de base, éléments essentiels à la construction des datacenters.
En tant que marché à forte croissance, le secteur des datacenters est très sensible aux perturbations de la chaîne logistique, comme la plupart des acteurs majeurs de l’industrie.
Limiter la complexité croissante
L’exigence de croissance digitale a atteint un niveau sans précédent. Toutes les possibilités ont été explorées pour répondre à ce besoin d’une manière plus simple, plus rentable et dans les meilleurs délais.
Mais cela peut entrer en contradiction avec la nature de nombreux environnements hautement complexes et critiques. Un datacenter abrite une multitude de technologies différentes, des systèmes CVC à l’ingénierie mécanique et structurelle, en passant par l’informatique et les systèmes de calcul. Le défi consiste à accélérer ce type d’environnements hautement complexes et interdépendants afin de maintenir les tendances actuelles de la digitalisation.
À cette fin, les concepteurs, les exploitants et les fournisseurs des datacenters mettent au point des systèmes visant à réduire cette complexité tout en respectant la nature critique de certaines applications. L’industrialisation, ou l’amélioration par modules des datacenters, consistant à livrer sur site des unités préfabriquées, préconçues et pré intégrées, est un moyen de rendre la conception et la construction d’un datacenter moins complexes tout en garantissant une mise sur le marché plus rapide.
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Dépasser les pôles traditionnels
Jusqu’à présent, Londres, Dublin, Francfort, Amsterdam et Paris ont été les pôles traditionnels pour les datacenters, soit parce que les entreprises y ont leur siège social, soit parce qu’il s’agit de pôles économiques et industriels, dotés d’une abondante connectivité en matière de télécommunications et d’un profil de clientèle idéal.
Afin de fournir un service de qualité et d’être plus proche des foyers de population et d’activité économique, il devient plus favorable de construire des datacenters dans les villes secondaires des principales nations économiques et dans les capitales des pays économiquement moins importants.
La concurrence entre les opérateurs de datacenters est forte, de sorte qu’un grand nombre de ces villes et territoires de niveau II offrent un potentiel de croissance aux opérateurs existants ou un faible point d’entrée pour les nouveaux opérateurs. Ainsi, il est possible de constater une activité accrue dans des villes comme Varsovie, Vienne, Istanbul, Nairobi, Lagos et Dubaï.
Mais cette expansion s’accompagne de certains défis. Les considérations relatives à la disponibilité de sites appropriés, à l’alimentation électrique et à la main-d’œuvre d’ingénierie sont, entre autres, autant de facteurs qui ajoutent de la complexité aux opérations globales d’une entreprise. Il est possible qu’un grand nombre de ces pays ne dispose que de peu d’expérience ou de personnel pour aider à la conception, à la construction et à l’exploitation d’un nouveau datacenter.
Le défi des propriétaires de datacenters consistera donc à repartir de zéro à chaque fois qu’ils s’installeront dans une nouvelle région. Malgré ces difficultés, de nouveaux marchés continuent à s’ouvrir, et de nombreux opérateurs tentent d’être les premiers à pénétrer les marchés secondaires afin d’y gagner un avantage concurrentiel. En effet, de nombreuses juridictions accueillent les opérateurs de datacenter à bras ouverts, certaines offrant même des incitations et des subventions visant à les attirer.
Si nous pouvons tirer un enseignement de cette année, c’est bien qu’il est impossible d’avoir des certitudes. Les séquelles de la pandémie et la situation géopolitique actuelle laissent le secteur face à une succession de défis sans précédent. Cependant, les possibilités de croissance existent. Les tendances nous montrent que les opérateurs les plus prévoyants seront en mesure de résister à la tempête et d’affronter les péripéties à venir.
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