Les réseaux sociaux inspirent la formation en entreprises

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Quand les réseaux sociaux réinventent la formation en entreprise

Par La rédaction, publié le 13 août 2024

Comment les entreprises peuvent-elles intégrer les atouts des réseaux sociaux dans la formation de leurs collaborateurs ? Les technologies immersives et le métavers se profilent comme les prochaines frontières de la formation en entreprise, permettant de créer des environnements d’apprentissage innovants qui favorisent la collaboration et l’engagement des salariés.


Par Olivier Lagrée, Talent Management Strategy & Value Advisor at Cornerstone OnDemand


Les Français sont de plus en plus connectés. Le dernier rapport numérique pour la France de We are Social et Meltwater révèle en effet qu’en 2024, 78 % des Français (16-64 ans) sont sur les réseaux sociaux en 2024. Ils y passent en moyenne, autour de 40 heures par mois, le réseau social Tik Tok, battant tous les records – et consultent plus de 5 plateformes de social media chaque mois.

On connaît mieux désormais les effets bénéfiques des réseaux sociaux et notamment ce sentiment positif d’appartenance à une communauté qui vous ressemble, vous écoute et vous comprend. On connaît aussi les effets de dépendance que crée la dopamine libérée par le cerveau en guise de “récompense” à l’utilisateur des médias sociaux, par exemple lorsqu’il reçoit des commentaires positifs en réaction à sa contribution aux échanges sur le réseau social. 

Souvent, les observateurs se montrent critiques vis-à-vis de ce système de récompense qui encourage les gens à passer plus de temps à scroller et cela, souvent, sans y réfléchir vraiment « en pleine conscience ». Mais, que se passerait-il si cette dopamine si « motivante » pouvait être créée à partir d’une activité « à valeur ajoutée personnelle et professionnelle » pour l’individu, par exemple la formation et l’apprentissage dans le cadre du travail ? Quel impact pourrait avoir sur le développement des compétences l’utilisation des codes des réseaux sociaux et l’usage des méthodes d’engagement qu’ils déploient pourrait avoir sur le développement des compétences ? Imaginons quelques pistes et scénarios possibles.

Et si on se mettait à « liker » la formation ?

La formation professionnelle se déploie traditionnellement de façon très unilatérale : un système de gestion de l’apprentissage (LMS) diffuse à un collaborateur ce qu’il a besoin de savoir. Point. Cette approche est extrêmement efficace ; la plateforme centralise les besoins d’apprentissage, elle garantit le bon déroulement de toute formation obligatoire et elle peut être étendue à l’ensemble de l’entreprise pour garantir que chacun affine l’ensemble de ses compétences. 

Mais, pour renforcer l’impact positif d’un LMS sur le développement des compétences, les entreprises pourraient y introduire des fonctionnalités de socialisation capables de pour promouvoir la collaboration et de permettre une connexion à double sens. Et ce d’autant plus que la collaboration entre pairs s’avère être une méthode d’apprentissage à la fois très populaire et très efficace pour favoriser les synergies, la mise en commun des connaissances et ainsi créer véritable une communauté de travail stimulante où les salariés progressent ensemble.

Des travaux de l’Observatoire de l’engagement menés en 2022 mettaient notamment en lumière l’importance du collectif de proximité, 83% des sondés (et même 95% des managers), affirmant que leur engagement était plus important vis-à-vis de leur équipe qu’envers leur entreprise (78%). 

Dès lors, avec la mise en place de « fonctionnalités sociales » telles que les mentions “J’aime”, les commentaires ou les possibilités de partage, les entreprises peuvent favoriser davantage la collaboration interne : Les collaborateurs pourraient commenter les posts de leurs collègues pour les féliciter d’avoir suivi des modules de formation ou partager leurs réalisations au fur et à mesure qu’ils développent leurs compétences et évoluent dans leur carrière. 

Les collaborateurs pourraient également « se suivre » mutuellement pour s’informer de leurs réussites ou partager des messages sur leurs connaissances et leurs expériences. 

En reproduisant l’expérience des réseaux sociaux dans le champ de la formation, les entreprises pourraient à leur tour encourager le cerveau à libérer une dose de dopamine en guise de “récompense” professionnelle et créer ainsi une vertueuse dépendance à l’apprentissage.

Transformer des consommateurs passifs de formation en pro-actifs créateurs de contenu

Outre les fonctionnalités sociales classiques, la création de contenu peut également favoriser la la connexion et la collaboration entre les individus. 

C’est un fait, les employés souhaitent aujourd’hui davantage de possibilités d’évolution. Par exemple, d’après l’Index de la Gestion des Talents de Cornerstone, 65 % des salariés à l’échelle EMEA recherchent des contenus d’apprentissage supplémentaires. 

La mise à disposition d’outils de création de contenu capables de permettre aux collaborateurs de partager leurs connaissances avec leur réseau ou de personnaliser du contenu existant en fonction de leurs préférences ou de leurs objectifs de développement peut répondre à cette attente. Par exemple, avec de tels outils de création, chacun peut exploiter n’importe quel matériel numérique, (un article, une vidéo ..) et le transformer en contenu d’apprentissage. Et s’il veut provoquer des interactions avec son audience cible, il peut créer des sondages ou des quizz, facilitant l’engagement et l’acquisition. 

Pour pousser l’expérience sociale un peu plus loin, les organisations peuvent aussi présenter l’apprentissage comme un jeu et adopter cette « gamification » si puissante pour créer un intérêt durable dans tant d’activités humaines dont, naturellement, la formation et l’apprentissage. 

De plus, si la création de contenu peut clairement aider les apprenants, elle a également un impact positif sur les créateurs, car enseigner aux autres aide à renforcer son propre apprentissage, ce que les spécialistes de l’andragogie appelle le « protégé effect ». 

Enfin, donner aux salariés la possibilité de partager leur propre contenu et de s’engager à travers le contenu créé par d’autres n’encourage pas seulement la collaboration. Cela permet également aux individus d’être créatifs et curieux de tous les sujets qu’ils souhaitent, en oubliant l’époque où une personne confrontée à un « défi-compétences » particulier devait demander un module d’apprentissage spécifique et attendre passivement qu’il lui soit livré. Avec les bons outils, les collaborateurs peuvent ainsi s’approprier et accélérer le processus de formation.

Introduire les interactions en ligne sur le lieu de travail

Transposer et exploiter les fonctionnalités des réseaux sociaux au service de l’apprentissage et de la formation peut également contribuer à repousser les frontières de la connexion et à faire de l’apprentissage une expérience fondamentalement plus collaborative, plus agréable et plus engageante. 

Cette évolution continuelle s’illustre aujourd’hui par l’intérêt croissant portée aux les technologies immersives et spatiales telles que les simulations en réalité étendue (XR) et l’exploration des opportunités offertes par le métavers. En mai 2024, par exemple, le Pays de Galles annonçait avec fierté l’ouverture au monde entier de son métavers destiné à présenter ses hauts lieux touristiques dans un monde virtuel, à l’instar de la façon dont des lieux culturels tels que le Louvre ou le musée d’Orsay ont pu réinventer l’expérience culturelle en misant sur l’innovation numérique – VR, NFT, IA, réalité augmentée…- pour repenser la façon de découvrir une exposition. 

Il est clair que c’est vers là que se construit l’avenir des réseaux sociaux et de la « vie en ligne » ; c’est aussi vers là que la formation peut également se diriger en utilisant la réalité étendue et le métavers pour mieux apprendre et grandir ensemble dans des mondes virtuels. 

Favoriser la connexion via des technologies immersives peut contribuer à vivifier la culture et la communication internes de l’entreprise, à cultiver un champ de compétences organisationnelles plus large et plus divers et, en fin de compte, à accroître la valeur de la formation et de l’apprentissage. Les collaborateurs pourraient dès lors y trouver de nouvelles possibilités d’interagir avec d’autres collègues de l’entreprise, mais aussi avec d’autres équipes appartenant à l’écosystème étendu de l’entreprise (fournisseurs, clients,…). Ainsi, en utilisant les technologies immersives pour élargir leur réseau, les collaborateurs peuvent contribuer à cultiver un environnement de travail plus épanouissant, avec des relations internes plus fortes, avec un champ des possibles plus large. Il en résultera évidemment une plus grande satisfaction des employés, un plus fort sentiment d’appartenance et un engagement renforcé, créateur de performance à court et long termes 

Alors que les organisations se tournent vers l’avenir, il est clair qu’une plus grande appropriation des codes, des principes et des technologies issus des réseaux sociaux sont autant de pistes d’amélioration de la qualité et de l’impact des dispositifs de formation et d’apprentissage. 



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