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Quantinuum passe son H2 de 32 à 56 qubits tout en gagnant en fiabilité
Par Laurent Delattre, publié le 10 juin 2024
Quantinuum poursuit le développement de ses ordinateurs quantiques et sa nouvelle machine 56 qubits vient de renouveler le controversé benchmark de Google avec 100 fois plus de fidélité.
En 2019, Google revendiquait la suprématie quantique avec sa machine 53 qubits capable de réaliser un calcul pour le moins abscons en quelques minutes alors qu’il prendrait 10 000 ans sur un ordinateur classique. Une suprématie très controversée, IBM expliquant que, contrairement à ce qu’affirmait Google, son super-ordinateur classique « Summit » pouvait réaliser le même calcul en 2,5 jours seulement (pas 10 000 ans) et avec bien plus de fidélité que la machine de Google.
En ce mois de juin 2024, Quantinuum lance le H2-1, version boostée de son H2. Le H2-1 est, comme son prédécesseur, un ordinateur quantique basée sur une technologie de qubits à base d’ions piégés. Ce nouveau modèle offre 56 qubits contre 32 pour la version H2. Et selon Quantinuum, le H2-1 est capable de reproduire l’algorithme RCS utilisé par Google dans son record de 2019 avec 100 fois plus de fidélité. « En accordant notre priorité à la qualité des qubits plutôt qu’à leur quantité, nous changeons la donne et nous rapprochons de la commercialisation tant attendue des applications quantiques dans des secteurs tels que la finance, la logistique, les transports et la chimie » explique Rajeeb Hazra, CEO de Quantinuum. Et si Quantinuum ne s’aventure pas à renouveler à son tour la “suprématie quantique”, le constructeur explique néanmoins que son H2-1 réalise le calcul en consommant 30.000 fois moins d’énergie qu’un supercalculateur classique sur le même exercice. On notera quand même que si la fiabilité de la machine de Google sur ce calcul était ridicule (0,2%), le H2-1 ne reste fiable qu’à 35% sur ce même calcul. Pas vraiment glorieux.
Une quête de fiabilité plus que de qubits
Lancé en 2023, le H2 avait déjà été le premier ordinateur quantique à revendiquer une fiabilité de 99,9% sur ses opérations à 2 qubits. La fiabilité chutant drastiquement au delà de 2 qubits.
Histoire d’en remettre une couche, Quantinuum a également annoncé au passage ne plus pouvoir offrir son « simulateur quantique » émulant avec fidélité ses ordinateurs « H ». Selon l’entreprise, il n’est plus possible de proposer une simulation mathématiquement exacte du processeur du H2-1 parce qu’une telle simulation dépasserait la mémoire totale disponible sur les meilleurs supercalculateurs actuels.
Pour rappel, Quantinuum est un « spin-out » de la division Quantum Solutions d’Honeywell créé en association avec Cambridge Quantum Computing. C’est l’un des principaux partenaires de Microsoft sur son service Azure Quantum qui propose notamment un accès à un système Quantinuum H1 en plus des machines quantiques de IonQ, Rigetti, Quantim Circuits, et Pasqal.
En avril dernier, Microsoft Research avait mis en application son mécanisme de « Qubits logiques fiables » (donnés comme 800 fois plus fiables que des qubits physiques) sur la machine H2 de Quantinuum. « Avec les qubits physiques supplémentaires disponibles sur la nouvelle machine de Quantinuum, nous prévoyons de créer davantage de qubits logiques avec des taux d’erreur encore plus faibles. Au fur et à mesure que nous atteignons ces jalons, nous continuerons à accroître la résilience des opérations quantiques ainsi que l’utilité de l’informatique quantique » a ainsi expliqué Dennis Tom, general manager de Microsoft Azure Quantum, qui espère désormais rapidement voir un « H2-1 » déployé sur son service cloud.
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