Gouvernance
Réussir la fusion de l’IT et du business
Par Laurent Delattre, publié le 27 octobre 2023
Comme les rouages d’une montre, la technologie IT et le business sont désormais inextricablement liés. Au cœur de cette union se trouve la clé de la réussite future des entreprises. Des entreprises qui se doivent d’être digitales pour suivre des technologies qui évoluent à une vitesse vertigineuse…
Parole de DSI / Par Thomas Chejfec, Directeur des systèmes d’information
Internet, iPhone, IA, cloud, blockchain : ces dernières années, la vitesse de développement des technologies n’a pas eu son pareil. Comme la révolution industrielle en son temps, elles balayent tout. C’est à la fois l’étincelle qui ouvre le champ des possibles, et la vague qui entraîne une mutation complète de la société sur ses modes de fonctionnement.
Avec cette révolution digitale, et encore plus désormais avec la révolution « IA+data », la mutation des entreprises n’est plus du tout une option. De cette révolution, on est en droit d’attendre : de la compétitivité (mieux comprendre notre marché, nos concurrents) ; des expériences client radicalement différentes (des services plus rapides, plus fluides, et plus personnalisés) ; de l’innovation à tous les niveaux de l’organisation (ouvrant en cela la voie à de nouveaux modèles économiques) ; et plus généralement des prises de décisions basées sur l’analyse approfondie des données et qui vont bien au-delà de celles permises par les tableaux croisés dynamiques…
Le digital est ainsi une source pour aller chercher de l’efficacité opérationnelle. S’y ajoute l’émergence d’un digital durable et responsable : cette autre lame de fond n’aura pas la même temporalité que le développement des technologies, mais devra être un fondamental des entreprises qui réussissent leur mutation.
Bon, ça c’est la promesse. Mais comment faire pour en bénéficier de façon pragmatique et efficace ? Le nom même du magazine que vous lisez devrait vous mettre la puce à l’oreille. IT for Business, c’est l’IT pour le business : ces dix dernières années, j’ai dû l’entendre et le prononcer moi-même des centaines de fois. Pour autant, l’assertion qui m’a le plus touché, c’est celle de l’ouvrage Business/IT fusion de Peter Hinssen, que j’ai découvert il y a dix ans. Le serial entrepreneur d’origine belge y explique de façon très didactique non pas comment l’IT est au service du business, mais comment on arrive à fusionner les deux.
Du niveau de maturité de l’entreprise sur le digital dépend la vitesse à laquelle il va être possible d’opérer cette fusion, et cela encore plus depuis l’avènement de l’IA.
Les modèles économiques actuels des entreprises, les habitudes, la perception des dirigeants, la vision à long terme du PDG, la pyramide des âges, les traditions, ou encore la culture digitale des employés sont autant de critères à travailler lorsque l’on veut vraiment devenir une « digital and data driven company ». Oui, c’est un moyen qui doit servir une vision. Toutefois, les entreprises ont aussi un rôle sociétal, celui de fournir des produits à une société de consommation dans un cadre équilibré économiquement : un équilibre subtil entre le prix de vente, la marge, les salaires des employés qui consommeront d’autres produits d’autres entreprises. Vous saisissez l’équation ?… Le digital est donc un moyen qui permet, dans cet équilibre fragile et mouvant, de différencier une entreprise d’une autre. Qu’est-ce qui fait qu’une entreprise est « meilleure » qu’une autre ? L’innovation des produits ou des services fournis, bien sûr. Mais aussi les leviers annexes, comme le digital.
À présent, il faut donc devenir une entreprise digitale. C’est une obligation quel que soit notre secteur d’activité. Et pour que cela soit possible, pour que le digital soit complètement intégré à l’activité, une seule solution : que tous les collaborateurs de l’entreprise en soient convaincus, à quelque niveau que ce soit.
Et pour cela, trois grandes conditions sont nécessaires. D’abord, le PDG et le board doivent en faire un axe stratégique essentiel. Cela passe par le positionnement du digital dans l’organisation au plus haut niveau et une feuille de route stratégique où il est totalement intégré et non une brique isolée. Deuxième condition, les collaborateurs doivent connaître le numérique et ne pas le considérer comme une discipline de spécialistes : ils doivent être formés, sensibilisés, même ceux qui sont théoriquement des « digital natives ». Le troisième enjeu concerne la DSI : elle doit accepter que les utilisateurs puissent aussi être des acteurs dans le design et le développement de solutions digitales. Eh oui, il faudra renoncer pour le bien de tous à vouloir toujours tout maîtriser…
L’entreprise digitalement native sera celle qui aura su faire tomber les barrières organisationnelles et faire la part belle aux technologies dans son écosystème. À l’aube de cette nouvelle ère numérique, l’entreprise qui dominera le paysage sera indubitablement celle qui aura transcendé ses structures traditionnelles. Elle sera celle qui, non seulement aura intégré la technologie à chaque niveau de son organisation, mais aura également su instaurer une symbiose entre l’humain et le digital, favorisant ainsi l’innovation, la réactivité et une profonde compréhension du marché. C’est dans cette fusion que réside le véritable pouvoir de la transformation numérique.
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