Green IT

Richard Bury (EDF) : « L’écoconception, c’est un sport d’équipe »

Par Thierry Derouet, publié le 25 avril 2024

A l’occasion de notre matinale IT for Business du 24 avril 2024, nous recevions Richard Bury, DSI au sein de la direction de la transformation de l’efficacité opérationnelle chez EDF, pour aborder l’engagement de notre énergéticien national en matière de numérique responsable.

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Richard Bury est responsable du programme de numérisation durable au sein du groupe EDF. Une grande partie de l’empreinte carbone du numérique au sein du groupe est liée aux prestations externalisées avec des leaders technologiques tels que CGI, Sopra Steria Group, Capgemini, Thales et Accenture : « Un groupe comme EDF, aujourd’hui, c’est un SI extrêmement externalisé… Le poids de ces prestations représenterait pratiquement deux tiers de l’empreinte carbone du numérique du groupe EDF. »
Richard Bury souligne qu’il est tout simplement irréaliste d’envisager de mettre en œuvre un programme de numérisation responsable et de réduire l’empreinte carbone du numérique chez EDF sans inclure et faire participer activement ses fournisseurs.

Mesurer et réduire l’impact environnemental

Pour relever ce défi, Richard Bury a proposé aux fournisseurs stratégiques de l’IT de travailler ensemble en dehors du champ contractuel, avec bienveillance et bénévolat, et de s’engager dans un plan de partenariat bas carbone axé sur trois domaines concrets de progrès collectif.

Le premier domaine est la réduction de l’empreinte carbone des prestations, qui représente selon notre interlocuteur « à peu près deux tiers de notre empreinte. C’est énorme, c’est colossal. »

Le deuxième domaine est la professionnalisation de tous les collectifs, car les équipes projet sont étroitement liées et comprennent des prestataires, des partenaires et des employés d’EDF.

Le troisième domaine est l’avancement de l’écoconception, qui est un enjeu important et un sport d’équipe : « Moi, j’ai tendance à dire que l’écoconception, qui a un enjeu extrêmement important, c’est un sport d’équipe. »
Il est essentiel de s’assurer que lorsque nous optimisons une solution numérique, nous le faisions de manière durable, sans compromettre les futures mises à jour : « Il faut qu’on puisse, avec nos partenaires, s’assurer que lorsqu’on optimise, par exemple, une solution numérique, qu’on le fasse dans la durée. »

Notre interlocuteur nous explique : « En tant que bon énergéticien responsable, cela fait des années que nous travaillons sur l’efficacité énergétique de tous nos actifs. »

Et de préciser : « Nous avons notamment mis en place des solutions de veille prolongée pour réduire d’un facteur 5 ou 6 la consommation énergétique d’un poste de travail. Et puis, nous avons surtout travaillé sur nos data centers. Nous étions en 2015 la première entreprise à avoir certifié tous nos data centers ISO 50001. C’était une très belle étape. »

Richard Bury développe sur les méthodes utilisées pour quantifier et diminuer l’empreinte environnementale d’EDF : « Nous utilisons le benchmark Wiener-Hammerstein… » Et nous explique, avoir mis en place une innovation depuis l’année dernière, dans leur démarche FinOps, en couplant leur moteur de costing de comptabilité analytique avec un modèle de facteur d’émission de dioxyde de carbone. Cela leur permet d’avoir une vision plus fine de l’empreinte carbone de chaque service, unité, département et même de chaque offre de service dans leur catalogue. Ils pourront ainsi préciser non seulement le prix de chaque offre de service, mais aussi l’empreinte carbone associée. Selon lui, cela permettra de faire des choix éclairés et de mieux se challenger pour réduire les émissions de carbone.

Stratégies Green IT et IT for Green

Le directeur expose également les deux voies parallèles que le groupe poursuit : Green IT, axée sur l’efficacité énergétique interne, et IT for Green, qui utilise la technologie pour optimiser la consommation énergétique des clients. « Nous avons divisé par deux la consommation par serveur dans nos data centers et allongé la durée de vie de tous nos dispositifs. »
Ces mesures montrent des résultats tangibles et encouragent une approche plus durable du numérique.

Concernant les chantiers à venir, il ajoute : « Nous avons encore beaucoup de travail, je pense notamment à dalkia.com, à edf.fr. On a des résultats au niveau de l’utilisateur. Les impressions, par exemple, on a un beau résultat avec la réduction de 250 millions de pages par an. Soit la taille de 56 tours Eiffel superposés chaque année, économisés. Nous avons également des politiques de rétention qui nous permettent d’être aussi sobres sur la data, notamment la data des utilisateurs. Tous les emails, conversations Teams et enregistrements vidéos, chez EDF, sont supprimés automatiquement au bout de six mois. »

Quand le Shift Project nous aide à ouvrir les yeux

Au cours de l’entretien, Richard Bury souligne également l’importance du Shift Project et du travail de Jean-Marc Jancovici dans la prise de conscience des impacts du numérique sur l’environnement : « Grâce au Shift Project, qui a publié un rapport fin 2019, nous avons pris conscience que le numérique représente environ 2,5 % de l’empreinte carbone nationale et 4 % au niveau mondial. Ce rapport nous a ouvert les yeux sur un sujet que nous ne voyions pas forcément. »
Il admet que l’évolution rapide du secteur peut parfois mener à des déclarations imprécises : « Moi-même, j’ai pu dire des choses qui, avec le temps, se sont révélées être inexactes, comme l’impact carbone d’un email, qui est aujourd’hui considéré comme 20 fois inférieur à ce que l’on pensait il y a trois ans. »

Vers un futur numérique plus responsable

En conclusion, Richard Bury réitère l’importance de l’engagement collectif et de l’apprentissage continu dans le domaine de l’IT responsable. Il souligne que le parcours vers la durabilité est complexe et nécessite la collaboration de toutes les parties prenantes, y compris les utilisateurs finaux, les fournisseurs et les partenaires stratégiques. EDF s’engage ainsi non seulement à améliorer ses propres opérations, mais aussi à influencer positivement l’écosystème numérique global.


Quand EDF recycle 15 000 PC auprès d’écoles et d’associations

Dans le cadre de son engagement envers la communauté et l’économie circulaire, EDF a mis en œuvre une initiative remarquable de don de matériel informatique. Richard Bury précise : « Nous avons fait don de 15 000 PC à diverses associations et écoles, promouvant ainsi l’équité sociale et l’inclusion numérique. » Cette action s’inscrit dans la continuité des efforts d’EDF pour soutenir non seulement l’environnement, mais aussi les communautés locales en offrant des ressources essentielles pour l’éducation et l’accès à la technologie.


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