Opinions
Rififi dans le mobile français
Par La rédaction, publié le 29 janvier 2013
[HUMEUR] «Messieurs les opérateurs, innovez au lieu de courir au tribunal»
Chantage à l’emploi, procès en série : les opérateurs de téléphonie mobile s’empoignent, depuis des mois, sous les yeux ébahis des consommateurs. Ces derniers ont pour réjouissance de voir leur facture mobile baisser comme jamais. Côté opérateur, la raison de ces empoignades est bien connue. Free Mobile a bouleversé un marché qui fut, quinze ans durant, quasi « oligopolistique ». Ses forfaits à prix cassés, sans engagement avec une simple carte SIM, ont sapé le modèle économique des forfaits chers avec téléphones subventionnés. Il semble, pourtant, qu’il faille raison garder.
Le marché français des télécoms mobiles subit en fait, en accéléré, le dur apprentissage de la concurrence. Comme dans d’autres secteurs, celle-ci déstabilise les subtils équilibres du présent, y compris les emplois, alors qu’elle contribue aussi à dynamiser le marché des consommateurs en renouvelant les offres.
Bien qu’en baisse, le taux de marge d’Ebitda des opérateurs mobiles historiques reste, en moyenne, supérieur à 30 %, soit un niveau élevé, supérieur à celui d’autres secteurs de l’économie française, explique le patron de l’Arcep. Les clients français bénéficient, eux, des tarifs mobiles parmi les moins élevés d’Europe.
Les usages en sont stimulés, puisque le trafic internet mobile, avec + 70 %, et les SMS, avec + 28,8 %, ont explosé en un an dans notre pays. Il est donc tentant, en temps de crise économique, de freiner la concurrence sous la pression des lobbies de tous bords. Ce pays, plus prompt à défendre les professions « protégées » ou les monopoles de droit ou de fait, n’a jamais eu foi en la dynamique concurrentielle qui est tout, sauf un long fleuve tranquille.
Alors, messieurs les opérateurs, continuez de faire votre métier et d’innover plutôt que de courir au tribunal. Quant à l’Etat et aux régulateurs, qu’ils continuent de veiller à ce que la concurrence soit équitable.