Gouvernance

Short S2E17 – Qui est Clara Chappaz ?

Par Thomas Pagbe, publié le 04 octobre 2024

Michel Barnier a décidé de nommer Clara Chappaz au poste de secrétaire d’État en charge du numérique et d l’intelligence artificielle. Un rôle qui promet un certain nombre d’enjeux.

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À 35 ans, Clara Chappaz incarne une nouvelle génération de dirigeantes capables de concilier carrière internationale et vie personnelle, alors qu’elle s’apprête également à devenir maman. Diplômée de HEC Paris et de la Harvard Business School, elle succède à Marina Ferrari, désormais ministre déléguée à l’Économie du Tourisme. Forte de son expérience à la tête de la French Tech, où elle a joué un rôle clé dans le soutien et la structuration de l’écosystème des start-ups françaises, Clara Chappaz peut aussi compter sur une solide expérience internationale, acquise à Singapour, Hong Kong, Boston et Londres.

Clara Chappaz, un profil expérimenté dans l’univers tech

Cette connexion au secteur technologique semble presque naturelle lorsqu’on considère l’héritage familial de Clara Chappaz. Son père, Pierre Chappaz, figure emblématique de l’écosystème numérique français, a tracé la voie. Après une carrière marquante chez IBM, Pierre Chappaz s’est imposé comme un entrepreneur visionnaire en cofondant certaines des plus grandes réussites de la scène startup en France. Kelkoo, par exemple, a révolutionné le secteur de la comparaison de prix en ligne, devenant rapidement un acteur incontournable avant d’être acquis par Yahoo! en 2004. Wikio, une autre de ses créations, était un pionnier dans l’agrégation de contenu en ligne, tandis que Teads, plateforme spécialisée dans la publicité vidéo, est aujourd’hui un leader mondial dans son domaine.

Secrétaire d’État : un poste moins central

Bien que secrétaire d’État soit une fonction important, Clara Chappaz n’est pas ministre. Cela signifie qu’elle ne participera pas systématiquement aux Conseils des ministres, sauf si l’ordre du jour concerne ses domaines d’expertise. Une nuance qui peut affecter la visibilité de ses actions au sein du gouvernement.

Lors de la passation de pouvoirs avec Marina Ferrari, le 23 septembre 2024, elle a souligné l’importance stratégique du rattachement du numérique et de l’IA au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR)*, un choix qui, selon elle, « envoie un signal fort ». Ce nouveau positionnement, bien que discuté, pourrait refléter une volonté de renforcer la synergie entre l’innovation technologique et la recherche académique. Clara Chappaz a d’ailleurs exprimé sa volonté de « créer des ponts entre l’économie et la recherche », en écho à une vision long terme pour le secteur numérique français.

Dans ses premières déclarations, Clara Chappaz a mis l’accent sur l’intelligence artificielle, qu’elle considère comme un pilier central de son mandat. « La France est reconnue dans la course mondiale, mais il faut continuer à former les meilleurs ingénieurs, chercheurs et étudiants », affirme-t-elle. L’éducation et la recherche sont perçues comme des leviers cruciaux pour permettre à la France de s’approprier collectivement les technologies de demain, à commencer par l’IA. Cependant, la nouvelle secrétaire d’État insiste sur le fait que cette technologie ne doit pas devenir une source d’inégalité. « L’IA ne doit pas être une nouvelle fracture », déclare-t-elle, faisant de l’inclusion numérique une priorité.

Cette orientation inclusive s’accompagne d’une volonté affirmée de féminiser le secteur. Forte de son expérience à la tête de la mission French Tech, Clara Chappaz a rappelé des initiatives comme le « pacte parité », qu’elle juge décisif pour promouvoir une plus grande représentation des femmes dans l’industrie numérique. À ses yeux, l’essor des start-up françaises témoigne du dynamisme d’un écosystème en pleine expansion, un acteur clé pour l’économie nationale avec plus d’un million d’emplois créés. « Qui n’a jamais utilisé Doctolib ou BlaBlaCar ? » s’interroge-t-elle, illustrant ainsi l’intégration des innovations dans la vie quotidienne des Français.

Clara Chappaz face à des défis multiples

Les missions qui attendent Clara Chappaz sont aussi vastes que complexes. Au-delà des enjeux liés au numérique, elle devra également se consacrer à l’intelligence artificielle, un secteur en plein essor. Parmi ses priorités figurent des dossiers cruciaux : la stratégie cloud du gouvernement, la protection des données, la régulation des réseaux sociaux, ainsi que le soutien à la filière numérique française. Autant de sujets déterminants pour l’avenir économique du pays, alors que la Banque mondiale anticipe que l’économie numérique pourrait représenter 20 % du PIB mondial d’ici 2026.

Face à ces défis, Clara Chappaz pourra s’appuyer sur l’expertise d’Édouard Curt, fraîchement nommé à la tête de son cabinet. Rompu à l’exercice, il a déjà accompagné plusieurs ministres, notamment Jean-Noël Barrot lors de son passage au numérique. Ce tandem devra manœuvrer dans un contexte économique tendu, alors que la dette publique française culmine à un niveau record de près de 3 230 milliards d’euros. De son côté, la secrétaire d’État ne perd pas de temps. Déjà sur le terrain, elle a entamé des déplacements en région, notamment à Chambéry et en Isère, pour mieux comprendre les enjeux locaux et échanger avec les acteurs du secteur.

* Une erreur s’est glissée dans la vidéo, où il est mentionné que Clara Chappaz est rattachée au ministère de l’Éducation nationale. Il s’agit en réalité du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qu’il ne faut bien sûr pas confondre avec le premier.

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