Gouvernance
Short S2E21 – Margrethe Vestager : Une décennie de régulation face aux Gafam
Par Alessandro Ciolek, publié le 27 décembre 2024
Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne, a achevé son mandat en octobre 2024, mettant fin à une décennie marquée par des actions réglementaires fortes contre les géants du secteur technologique.
Depuis son entrée en fonction en 2014, Vestager a redéfini l’approche européenne vis-à-vis des pratiques anticoncurrentielles et des comportements hégémoniques des entreprises de la tech. Durant son mandat, Margrethe Vestager a ainsi imposé des amendes record aux géants du secteur comme Google, Apple et Amazon, soulignant leur abus de position dominante. En 2019, elle a pris les rênes de la stratégie numérique européenne, avec pour objectif de créer un marché plus équitable et transparent. Parmi ses contributions majeures figurent deux textes clés : le Digital Markets Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA). Ces règlements ont renforcé la protection des consommateurs et redéfini les règles du jeu, contraignant par exemple Apple à ouvrir son écosystème iOS aux boutiques d’applications tierces en Europe..
Une mission complexe dans un contexte global tendu
En 2014, la régulation du secteur numérique était embryonnaire. L’Europe s’était rarement opposée de manière frontale aux géants américains, tandis que les innovations se multipliaient à un rythme effréné. Mme Vestager a apporté une nouvelle dynamique en adoptant une posture plus ferme et méthodique, bien que parfois jugée pesante par les acteurs du marché. Elle a fait de l’Europe une pionnière en matière de régulation du numérique, établissant un cadre normatif rigoureux qui a influencé de nombreuses autres juridictions internationales.
L’avenir de la stratégie numérique européenne
Pour remplacer Margrethe Vestager, l’Espagnole Teresa Ribera était longtemps pressentie. C’est finalement la Finlandaise Henna Virkkunen qui occupera le poste de Vice-présidente exécutive chargée de la sécurité, la démocratie et la souveraineté technologique. Elle devra relever des défis de taille : la mise en place d’un cadre juridique adapté à l’intelligence artificielle, la supervision des objectifs de la décennie numérique, et la gestion des relations transatlantiques. Le retour de Donald Trump à la présidence américaine pourrait renforcer le soutien des États-Unis aux Gafam, compliquant davantage la tâche des autorités européennes.
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