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Sigfox renait (enfin) de ses cendres
Par Thierry Derouet, publié le 27 juin 2024
Grâce à une réduction des coûts, une fidélisation des clients et une croissance organique de la base installée de 13 millions d’objets connectés, le repreneur de Sigfox (UnaBiz) vise à atteindre l’équilibre financier. Une première pour celui qui se positionne comme un acteur agnostique pour déployer des solutions IoT adaptées aux besoins de la logistique, des utilities et de la sécurité.
L’évocation du nom de Sigfox, ancienne icône de la French Tech, laisse aujourd’hui un goût amer en raison de sa chute retentissante. Bien que cette dégringolade ait été spectaculaire, voire prévisible, le retour à l’équilibre était un défi majeur que s’était fixé son repreneur, UnaBiz, une entreprise singapourienne, qui a acquis Sigfox il y a deux ans à la barre du tribunal de commerce.
Certains auraient préféré que la reprise soit menée par un acteur français du secteur. Car après avoir levé 300 millions d’euros auprès de grandes entreprises et de fonds d’investissement tels que BPI France pour soutenir son projet de réseau mondial bas débit pour les objets connectés, Sigfox s’est retrouvé en redressement judiciaire en janvier 2022.
Un redémarrage douloureux pour les salariés de Sigfox
Deux ans après sa reprise, l’entreprise est sur le point de retrouver la rentabilité, grâce à une stratégie de recentrage et de réduction des coûts mise en œuvre par UnaBiz. Cependant, cette période a été particulièrement brutale pour les effectifs, comme le rappelle Arnaud Tayac, directeur général d’UnaBiz France : « sur le périmètre Sigfox, nous sommes passés de 400 à 250 employés juste avant l’acquisition. Pour finalement atteindre environ 95 salariés aujourd’hui ». Toutefois, cette lourde restructuration était nécessaire pour ramener Sigfox à l’équilibre financier. Arnaud Tayac se montre confiant pour le quatrième trimestre de l’année en cours, ce qui marque une étape importante pour Sigfox, qui avait déjà frôlé la rentabilité en 2018.
Un recentrage et une gestion des coûts enfin maitrisée
Cette performance a été rendue possible grâce à une stratégie de recentrage sur les forces technologiques de Sigfox, qui se distingue par sa capacité à transmettre des données à très bas coût et très basse énergie. « Sigfox a des particularités technologiques très précises, extrêmement performantes pour ce qui est de son côté ”très low énergie et très low cost”. Positionnement que nous avons conservé », précise Arnaud Tayac.
UnaBiz a également adopté une approche agnostique en matière de technologie. « Sur d’autres cas d’usage, on va pousser du LoRa ou du cellulaire, suivant le besoin du client. Ou de l’hybride pour avoir des couvertures plus larges », ajoute-t-il. » Mais la clé de tout repose sur la mise en œuvre de mesures significatives pour réduire les coûts.
Les réseaux bas débits, un marché à maturité ?
Pour autant, le marché des réseaux bas débit pour les objets connectés, est-il arrivé à une certaine forme de maturité ? Pour Arnaud Tayac, la croissance observée à deux chiffres le laisse penser. Croissance d’un marché observé à 30% pour d’autres acteurs comme l’acteur breton Actility où Nicolas Jordan co-fondateur et COO du fournisseur de plateformes d’infrastructure et de services LPWAN (Low Power Wide Area Network) confirme la forte reprise du marché de l’IoT et du déploiement de projets de grande envergure.
Aujourd’hui, UnaBiz se concentre sur des secteurs clés tels que la logistique, les services publics avec les “utilities” et la sécurité.
Dans le domaine de la logistique, l’entreprise collabore avec des acteurs majeurs tels que DHL et Stellantis pour optimiser les flottes de palettes et les emballages connectés. Rémi François, le COO en charge du développement de Sigfox, explique : « Nous nous concentrons beaucoup sur la logistique, en réduisant au maximum les coûts de suivi des actifs. Nous travaillons actuellement sur des projets avec des entreprises comme DHL pour proposer des traceurs à 15 ou 20 euros. Notre objectif est maintenant de proposer des traceurs à 5, voire 1 euro, afin d’élargir le type d’actifs que nous pouvons suivre, en particulier en Europe et au Japon. »
Des déploiements à très grande échelle
Dans le secteur des utilities, UnaBiz mène des projets significatifs au Japon, avec des millions de capteurs de gaz à Tokyo, et en Afrique du Sud, où des compteurs d’eau connectés seront déployés : « En Afrique du Sud, ils viennent d’annoncer qu’ils veulent équiper toutes les communes en compteurs d’eau connectés et qu’ils ont choisi la technologie Sigfox, » rappelle avec satisfaction Arnaud Tayac. Et d’espérer 15 millions de compteurs à équiper dans les prochaines années.
Pour la sécurité, UnaBiz collabore depuis 2016 avec Verisure pour proposer des alarmes anti-brouillage et avec Coyote pour le suivi des véhicules volés : « Toutes les alarmes Versure aujourd’hui en Europe du Sud, ont une petite puce Sigfox comme réseau de communication de dernier recours,» tient à souligner Rémi François.
C’est le cas d’usage qui dicte la techno et non l’inverse
UnaBiz a également établi des partenariats technologiques en 2023 avec Semtech, pour intégrer la technologie OG Sigfox aux plateformes LoRA LoRa Edge et LoRa Connect. « On arrive à avoir de plus en plus d’objets qui sont Sigfox et LoRa,» explique Rémi François. En combinant la couverture des deux infrastructures réseau (Sigfox et LoRa), le partenariat engagé par UnaBiz et Semtech est là pour simplifier les déploiements IoT. Rappelons également qu’UnaBiz a rejoint l’alliance LoRa, qui veille sur le protocole de communication LoRaWAN, en tant que membre contributeur. Faisant ainsi suite à une série d’annonces de partenariats avec plusieurs acteurs de l’écosystème LoRaWAN (The Things Networks, Actility, Loriot…).
Une collecte de données versée sur GCP
L’intégration et la standardisation des données collectées via une API standardisée sur le cloud est également l’un des atouts d’UnaBiz pour « les restituer de manière complètement standardisée et normalisée aux clients, » indique Arnaud Tayac via leur cloud hébergé chez Google Cloud Platform, lequel traite déjà environ une centaine de millions de messages par jour.
Sigfox est-il enfin sur la voie du succès ? Son retour dans l’immeuble qui fait partie du quatrième campus cyber régional, après ceux de Lille, Bordeaux (Pessac), Marseille et maintenant Toulouse, le “Cyber Occ'”, et qui était initialement destiné à abriter son siège social, peut-il être considéré comme un signe de retour à meilleure fortune ? L’avenir nous le dira. Mais c’est en bonne voie.
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