Des Super Apps pour Super DSI

Gouvernance

Super apps et super DSI

Par La rédaction, publié le 21 octobre 2024

Concept omniprésent en Asie et largement prôné par Gartner, le modèle des Super Apps – qui réduit la fragmentation des services – pourrait être un levier puissant dans les systèmes d’information d’entreprise. En rationalisant l’accès aux outils métiers et en unifiant les flux de données, ce concept promet une meilleure productivité et une maintenance simplifiée pour les DSI.


Parole de DSI / Par Thomas Chejfec, Directeur des systèmes d’information 


Dire que sans le savoir, depuis des années, j’utilisais une super App, Wechat : c’est-à-dire une application qui contient diverses mini-Apps, élémentaires, effectuant chacune des tâches rudimentaires et non complexes. La Super App est à l’App, ce que l’App est au smartphone.

Ce modèle, très prisé en Asie, avec notamment Wechat ou Alipay, n’est pas encore très développé dans les pays occidentaux. En Europe et aux USA, les utilisateurs préfèrent souvent des applications spécialisées, chacune répondant à un besoin spécifique (PayPal pour les paiements, Amazon pour le shopping…). Les consommateurs sont habitués à choisir des Apps dédiées plutôt qu’une solution tout-en-un.

De plus, la régulation des données est plus stricte, avec des lois comme le RGPD en Europe. Cela limite la capacité des entreprises à agréger de grandes quantités de données personnelles et à les utiliser pour alimenter des services variés dans une seule App.
Les marchés européens et américains ont aussi un écosystème numérique déjà très mature, avec une myriade d’applications bien établies dans différents secteurs, ce qui rend plus difficile l’émergence d’un acteur unique capable d’intégrer plusieurs services de manière fluide.
Ajoutons qu’avec des GAFAM qui occupent la place, émerger est particulièrement difficile.

Une plateforme unique

Les super Apps prospèrent en simplifiant l’expérience utilisateur avec une plateforme unique qui regroupe divers services et intègre des paiements mobiles, particulièrement dans les régions où ces systèmes ont été adoptés massivement.
Grâce à un effet de réseau puissant, elles attirent de plus en plus d’utilisateurs et de partenaires, créant un écosystème complet et incontournable.
Enfin, les partenariats stratégiques avec d’autres fournisseurs de services leur permettent d’étendre leur offre de manière continue, consolidant leur place dans la vie quotidienne des utilisateurs. Wechat fournit un bon exemple en Chine, qui a noué des partenariats avec des banques, des services de transport, des chaînes de restaurants et même des gouvernements locaux.

Les utilisateurs européens ou américains valorisent plutôt la flexibilité et sont réticents à l’idée de centraliser trop de services et de données dans une seule application, notamment par crainte de monopole ou de gestion opaque des données personnelles. Cette méfiance est renforcée par le régulateur, comme avec le RGPD en Europe, qui impose des limitations fortes à la collecte et à l’utilisation des données.

Nous avons tout de même un exemple occidental assez connu, Uber, qui a progressivement élargi son offre pour aller au-delà du transport avec Uber Eats et des services comme la livraison de courses ou d’autres marchandises, et cherche ainsi à devenir une plateforme multi-services. De son côté, Revolut, néo-banque européenne, ambitionne de centraliser plusieurs services financiers dans une seule App, offrant du trading, des transferts d’argent internationaux, des services de cartes bancaires, des assurances, et même des cryptomonnaies. Ces entreprises tentent de faire évoluer leurs offres pour créer un écosystème de services, se rapprochant du concept de super App.

Dans les DSI aussi ?

Et du côté des DSI ? Si on tente d’appliquer ce concept de super App au système d’information de l’entreprise, il va falloir centraliser plusieurs services et outils au sein d’une seule plateforme intégrée, simplifiant ainsi l’expérience des employés. Plutôt que de jongler entre différentes applications pour la gestion de projets, la communication interne, les demandes IT ou les services RH, une super App regrouperait ces fonctionnalités dans un seul environnement. Par exemple, les employés pourraient réserver des salles de réunion, soumettre des demandes de congés, accéder à leurs fiches de paie, et collaborer sur des documents, le tout depuis une même interface.

En pensant métiers cette fois, nous pouvons imaginer par exemple chez un constructeur de voitures un socle commun avec des Apps unitaires pour vérifier la qualité d’assemblage, compter les stocks de proximité, accéder aux fiches techniques, etc… Cette approche améliore non seulement la productivité en réduisant les frictions liées à la multiplication des outils, mais aussi la gestion des données en centralisant les flux d’informations.

Nous rencontrons tous les pires difficultés quand il s’agit de maintenir des applications à l’architecture complexe. Les segmenter sur le principe des super Apps permettra une meilleure maintenance, en plus d’un temps de conception raccourci. Avec un effet positif sur un time-to-market, aujourd’hui plus qu’essentiel au sein des DSI.

Cette perspective de délivrer chaque mois une nouvelle fonctionnalité sous forme d’App au sein d’une super App, de créer du buzz et de l’adhésion utilisateur… Voilà qui est bien plus réaliste et séduisant que la promesse lointaine d’une application certes complète, mais du coup trop complexe.


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