GUIDES PRATIQUES
Tour du monde des projets d’e-santé
Par La rédaction, publié le 11 janvier 2011
Avec le dossier médical personnel, la France est plutôt bien lotie en matière de santé numérique. Qu’en est-il dans les autres pays qui travaillent sur des projets semblables ?
La nouvelle mouture du dossier médical personnel, officiellement lancé la semaine dernière, nous incite à faire le point sur les grands chantiers d’e-santé à l’étranger. Voici donc un tour du monde des projets de télémédecine et de gestion de dossiers électroniques des patients, avec Steven Andlauer, directeur du pôle stratégie et prospective télécoms à l’Idate, intervenu en novembre dernier lors des Secondes Assises des technologies numériques de santé.
Après un premier échec, le DMP (dossier médical personnel) renaît de ses cendres. Sur le fond, il conserve les mêmes fondamentaux, mais sa maîtrise d’ouvrage a été centralisée (et confiée à l’Asip Santé). Cette seconde édition s’appuie sur les expériences de projets régionaux résultants de la tentative précédente, mais qui, eux, ont connu la réussite.
Résultats plus que partagés pour les trois gros projets nationaux lancé en 2005 (dossier médicaux centralisés, système de collaboration interpraticiens et réseau haut débit de santé). La Cour des comptes britannique pointe le manque de fonctionnalités cliniques obtenues pour un coup estimé à 20 milliards d’euros. La gouvernance des projets a perdu la confiance des médecins.
En 2010, le gouvernement a suspendu son projet de carte à puce de santé à l’échelle nationale suite aux luttes de pouvoir entre l’assurance maladie et les associations de médecins et de pharmaciens. Sans compter les problématiques de protection de la vie privée. Les projets se poursuivent cependant en région, via des partenariats public-privé.
En mars 2010, le ministre de la Santé a annoncé que les 17 communautés autonomes espagnoles seraient raccordées à la même plate-forme d’e-santé d’ici à la fin de l’année 2010. Seuls l’historique des visites et celui des prescriptions médicales sont amenés à être partagés.
Parmi les nombreux projets européens, retenons Epsos, qui regroupe 27 institutions de 12 pays ainsi que des industriels de premier plan (Cisco, Intel, IBM…). Objectif : l’interopérabilité des dossiers de patients. Trente-six pilotes seront lancés en 2011.
Par ailleurs, l’Europe a annoncé en novembre dernier qu’elle consacrerait 270 millions d’euros à l’e-santé pour 2011-2012. Enfin, citons, parmi les objectifs fixés dans le cadre de l’agenda numérique, une télémedecine devenue courante en 2020 et la signature, dans les mois à venir, d’un accord d’intention d’interopérabilité des données médicales avec les Etats-Unis.
Le sous-continent s’est lancé très tôt dans les réseaux de télémédecine, avec, d’un côté, une approche gouvernementale et de l’autre, un projet d’envergure privé. Mais aucun des deux n’a encore atteint une masse critique. Sous l’égide de son Agence spatiale, l’Inde utilise un réseau satellitaire pour connecter une soixantaine d’hôpitaux urbains, ainsi que des établissements hospitaliers et des centres médicaux en zone rurale et des unités médicales mobiles. Le système, qui est utilisé pour les consultations, se heurte principalement au manque de qualification des manipulateurs dans les régions isolées.
La réforme du système de santé est en cours. Le pays cible d’abord la prévention et la robotique d’assistance. NTT et certains équipementiers ont déjà lancé des offres commerciales grand public (pour mesurer le rythme cardiaque sur son mobile, par exemple). D’autres laboratoires développent un système de surveillance pour les patients isolés dans les îles.
Elle vient d’allouer en mai dernier 340 millions d’euros sur deux ans pour l’introduction du dossier patient électronique. En novembre, des appels à proposition pour les éditeurs souhaitant l’intégrer ont été lancés.
Déploiement à grande échelle pour ce pays : 182 projets sont référencés, en cours ou terminés. La plus grande partie, une cinquantaine, concerne la télésanté. Le Québec et l’Alberta sont parvenus à déployer un dossier électronique pour la quasi-totalité de leurs habitants. L’Ontario, par contre, a été le théâtre d’un scandale massif en octobre 2009 : après dix ans et 740 millions d’euros dépensés pour les e-dossier, un rapport a dénoncé, en octobre 2009, le manque de direction stratégique et l’emploi immodéré de consultants.
La première phase de déploiement et d’évaluation du dossier électronique, qui repose sur une incitation financière, a débuté en octobre 2010 et durera un an. Il est encore trop tôt pour dresser un bilan. Par ailleurs, 9 milliards d’euros ont été alloués pour l’élaboration d’un réseau national de santé en haut débit. Mais la gouvernance de ce projet reste encore à établir.