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Transformer les organisations pour entrer dans l’industrie 4.0

Par La rédaction, publié le 22 mai 2016

Pour se matérialiser, une révolution industrielle s’accompagne toujours d’une transformation des organisations. L’industrie 4.0 ne fait pas exception. La robotisation accélère de manière inédite l’automatisation et fait craindre une baisse significative de la main d’oeuvre en même temps qu’elle promet d’importants gains de productivité. Nos études menées notamment dans l’industrie allemande, une des plus avancées au monde, révèlent une situation plus contrastée. D’ici 2025, nous avons estimé à 1 % par an la croissance attendue d’une production industrielle compétitive mieux adaptée aux demandes du marché et de l’offre de nouveaux services et produits. Autre influence favorable à l’emploi, l’industrie 4.0 repose moins sur les avantages d’une main d’oeuvre low cost, ouvrant ainsi la voie à une relocalisation. Enfin, l’introduction des nouvelles technologies dans le pilotage de l’activité industrielle nourrit de forts besoins en recrutement.

Dans les dix prochaines années, les compétences IT et big data augmenteront ainsi de 96 % dans les effectifs de l’industrie allemande. Les usines d’outre-Rhin auront également besoin de 70 000 data scientists et de 40 000 « coordinateurs robotiques ». Ces profils stratégiques assurent la pertinence du système de détection, d’extraction et d’intégration des précieuses données et établissent une relation optimale entre l’humain et la machine. Mais ce n’est pas tout. Sous l’effet de l’architecture 4.0, tous les départements de l’industrie vivent une profonde transformation. Des métiers ont tendance à disparaître alors que d’autres s’imposent. L’utilisation de la réalité augmentée et celle du design 3D renforcent ainsi les équipes de R&D en nouvelles expertises digitales, pendant que les assembleurs et les manutentionnaires se font plus rares. La maintenance devenue prédictive grâce aux capteurs placés sur les machines et à l’analyse des data réduit le nombre de techniciens de service et intègre des ingénieurs en systèmes embarqués formés aux sciences des données. Quand un industriel adopte un processus digital et automatisé de ses lignes de production, ses équipes de planification diminuent au profit de spécialistes de la modélisation des données. D’une manière générale, la quatrième révolution industrielle élimine les postes exigeant des tâches routinières et physiques. À l’inverse, elle développe de nouveaux savoir-faire en robotique, étoffe les expertises dans les technologies de l’information, combine connaissance métier et expertise. Enfin, les capacités d’adaptation et le travail collaboratif y sont valorisés. L’emploi industriel 4.0 est un emploi plus qualifié, exigeant des compétences interdisciplinaires et de la flexibilité.

On le comprend bien, le volet humain joue un rôle clé dans l’émergence et le succès de l’industrie 4.0. Pour faire face à des enjeux multiformes, les industriels doivent investir dans la formation, mettre en place une gestion prévisionnelle des compétences et adapter leur organisation. Lancer des programmes de formation intensifs sur des expertises plus larges permet non seulement de faire grandir en interne les ressources nécessaires au déploiement de la révolution digitale dans les méthodes de production, mais aussi de développer la polyvalence et la capacité d’adaptation des équipes. La flexibilité doit également dominer la nouvelle organisation 4.0. Un management transversal associant, au-delà des fonctions hiérarchiques, des métiers et des compétences autour d’un objectif commun optimise l’utilisation des données et adopte un mode agile adapté à la nouvelle économie. Dans le même esprit, le département IT doit être associé aux décisions et aux réflexions des opérationnels afin de mettre en place des solutions pertinentes. Avec l’industrie 4.0, ce ne sont pas uniquement les outils du digital qui s’invitent dans les usines, mais aussi sa culture et ses méthodes de travail. Une révolution qui doit être portée et incarnée au plus haut niveau par le leadership. 

Antoine Gourévitch, Directeur Associé senior, BCG Paris
Moundir Rachidi, Directeur du centre des opérations, BCG Paris

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