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On attend quoi dans votre métier de l’IA en 2025 ?
Par Thierry Derouet, publié le 10 décembre 2024
L’étude « Trends of AI », portée par le collectif « Les EnthousIAstes » et KPMG dresse un tableau nuancé de l’intégration de l’IA : entre avancées prometteuses, résistances internes et défis opérationnels.
Cette enquête, baptisée « Trends of AI » et présentée lors de l’événement Generation AI, a exploré les impacts de l’IA au cœur de quatre fonctions stratégiques – marketing, RH, finance et IT – en donnant la parole à des professionnels directement concernés. Les mêmes communautés métiers qui ont préparé le questionnaire y ont répondu, garantissant un retour sans fard. « Cette initiative reflète une volonté de dépasser les silos et d’encourager une réflexion collective sur les transformations stratégiques de demain », commente Julien Le Dreff, cofondateur des EnthousIAstes. Un panel diversifié de 80 experts et 200 décideurs a ainsi dressé un diagnostic nuancé, des bénéfices potentiels aux défis opérationnels, tout en proposant un cadre pour une adoption responsable. « Permettre à chaque organisation de tracer sa propre voie, en harmonie avec ses valeurs », résume Sébastien Denoual, Partner chez KPMG.
Marketing : entre IA créative et risques d’uniformisation
Dans le marketing, l’IA soulève de grands espoirs en matière d’efficacité. Déjà, 54 % des marketeurs l’utilisent pour la traduction de textes, et 47 % pour la création de contenus visuels. L’idée est de gagner du temps sur des tâches répétitives, pour mieux se consacrer à la stratégie. « Nous espérons que l’IA permettra de libérer du temps pour des tâches stratégiques tout en augmentant la pertinence des campagnes », affirme Dorothée Fluckiger, CMO de Prisma Media. Une agence de communication a même réduit de 60 % le délai de production de ses visuels grâce à l’IA générative, testant des concepts créatifs à une vitesse jamais atteinte, comme le raconte un directeur marketing. Mais attention au revers de la médaille : cette nouvelle donne a généré des tensions internes, certains créatifs redoutant de perdre leur rôle clé dans le storytelling des marques. Un risque également pointé par Olivier Laborde, Head of Marketing chez BPCE : « Si nous ne sommes pas attentifs, l’IA risque de produire des contenus génériques, au détriment de l’émotion et de l’authenticité. »
Ressources Humaines : un outil d’optimisation, mais pas sans gardes-fous
Côté RH, l’IA intrigue et séduit : 45 % des entreprises l’utilisent déjà pour la préqualification des CV. Et 95 % des décideurs RH aspirent à mieux anticiper l’évolution des compétences. « Nous voyons dans l’IA une opportunité de créer des parcours de carrière personnalisés et de renforcer l’engagement des talents », déclare Laura Pho Duc, Directrice Transformation chez LVMH Recherche. Chez un constructeur automobile, une IA a récemment mis la main sur un collaborateur sur le départ, parfaitement apte à un autre poste interne, transformant ainsi la gestion des talents. Mais cette prouesse suscite aussi des inquiétudes, notamment sur la confidentialité des données. « Il est impératif que l’IA soit un levier de progrès social, et non un outil qui déshumanise les relations au travail », insiste Sophie Loeuilleux, Innovation Project Manager au Lab RH. Le RGPD et l’IA Act imposent un cadre, mais l’équilibre reste à trouver.
Finance : lutter contre la fraude, améliorer la qualité des données… mais en toute transparence
Dans la fonction finance, 21 % des entreprises utilisent déjà l’IA pour détecter les anomalies. Et 65 % envisagent d’automatiser davantage leurs contrôles internes. « L’IA doit permettre de transformer les financiers en catalyseurs de création de valeur, sans jamais remplacer leur sens critique », estime Hélène Doré, Transformation Officer Finance chez L’Oréal. Récemment, une banque européenne a ainsi débusqué une fraude complexe sur des paiements transfrontaliers grâce à l’IA, évitant des pertes colossales. Mais pour Christophe Roux, PDG d’Artify, la vigilance s’impose : « Il est hors de question d’alimenter des IA non sécurisées avec des données stratégiques. » La traçabilité et l’auditabilité des algorithmes sont donc sur le devant de la scène, nécessitant de repenser les processus pour garantir une transparence totale.
IT : vers plus d’efficacité et de proactivité
Du côté IT, l’IA démontre déjà son utilité dans la gestion proactive des incidents, anticipant problèmes et interruptions avant qu’ils ne surviennent. Pour 80 % des DSI, l’intégration de l’IA permet de libérer les équipes de tâches répétitives, leur laissant plus de temps pour l’innovation et la stratégie. « Nous voyons l’IA comme un partenaire qui amplifie notre efficacité plutôt qu’un simple outil », confie un responsable IT. Dans une entreprise internationale, l’IA a d’ailleurs réduit de 30 % le temps consacré à la correction d’erreurs dans le code, suggérant des corrections en temps réel. « Cela a transformé notre manière de travailler et accéléré nos livraisons », raconte un chef de projet technique.
Une vision transversale pour maximiser l’impact
Plus largement, la clé du succès IA réside dans une approche cross-fonctionnelle, où marketing, RH, finance et IT avancent de concert. « Une stratégie IA réussie repose sur des synergies fortes entre les départements », souligne Alexis Rouet, Chief Data Officer chez Renault. Par exemple, un outil prédictif nourri à l’IA a permis de lier les besoins en formation identifiés par les RH aux prévisions budgétaires de la finance, optimisant à la fois les compétences et les ressources. « Cette synergie interservices a renforcé notre compétitivité tout en consolidant une culture collaborative », explique Rouet. De son côté, Estelle Frocrain, présidente du CMIT, tient à remettre l’humain au centre : « L’IA ne doit pas être un prétexte pour déshumaniser les relations professionnelles ; son rôle est d’enrichir nos interactions, pas de les remplacer. »
Au final, cette enquête montre une chose : en 2025, personne n’attend une IA magique, mais plutôt un levier stratégique à apprivoiser, avec finesse, vigilance et intelligence collective.
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