Gouvernance
Un algorithme pour optimiser l’éco-conception d’un site
Par Marie Varandat, publié le 27 août 2020
L’agence digitale Arneo s’apprête à lancer un service gratuit permettant de mesurer l’impact environnemental d’un site Web et d’identifier les leviers d’action pour le réduire.
Par Marie Varandat
Au cœur du concept de sobriété numérique, l’éco-conception vise à réduire l’impact environnemental des entreprises en intégrant les conséquences sur l’environnement d’un produit ou d’un service dès le début de son élaboration et à toutes les étapes de son cycle de vie. Appliquée à la conception d’un site, cette démarche consiste à définir le juste besoin pour proposer le juste nécessaire au visiteur. Dit autrement, l’éco-conception bannit les fioritures inutiles, les images à gogo, les développements trop gourmands en ressources et autres environnements de déploiement qui ne prendraient pas en compte l’empreinte numérique.
Une évaluation difficile
Concept défendu par l’ADEME et les nombreuses associations et prestataires qui gravitent autour du GreenIT, l’éco-conception reste toutefois une démarche encore mal maitrisée par les entreprises. En cause, l’absence d’approche normalisée pour établir un bilan d’empreinte environnemental du numérique, faute notamment de données de référence sur l’évaluation des impacts. Combien coutent l’affichage d’une image de 70 ko et sa transmission sur le réseau en eau et CO² ? Combien d’électricité consomme l’exécution d’une transaction ? En attendant l’aboutissement du projet NegaOctet, subventionné par l’ADEME et qui a pour objectif de mettre en place les outils nécessaires à l’évaluation et à la réduction de l’impact environnemental des services numériques, cette information est jalousement conservée par les prestataires spécialisés dans le GreenIT. Et pour cause ! Elle constitue leur fonds de commerce.
Certains sites, comme ecoIndex, ecometer ou encore PageSpeed, permettent de connaitre rapidement la performance environnementale d’une page Web : il suffit de saisir une URL pour obtenir une note allant de A à G ou encore son poids en termes de consommation d’eau ou d’impact GES. Mais ils ne proposent toutefois pas l’identification des leviers sur lesquels une entreprise peut agir pour réduire son empreinte écologique.
Identifier les leviers d’action
Prévu pour la fin septembre, l’algorithme d’ARNEO propose de combler ce vide. « L’éco-conception est quelque chose que nous voulions mettre en place depuis quelques années déjà, explique Albin Porcheret, CEO et co-fondateur de l’agence digitale. Mais jusqu’à récemment, nous n’avions pas l’amplitude des compétences nécessaire pour assoir notre démarche ».
En 2019, ARNEO a doublé son effectif et compte aujourd’hui une quarantaine de développeurs et une vingtaine de designers. Forte de cette nouvelle manne de compétences, la société a construit une démarche de sobriété numérique qui prend en compte l’intégralité du cycle de vie d’un site Web. « Bien entendu, nos clients restent libres d’avoir 15 images plutôt qu’une seule sur leurs pages Web mais nous veillons à les sensibiliser dès les prémisses du projet à la démarche d’éco-conception, précise Albin Porcheret. Et, quel que soit leur choix, nos développements sont réalisés selon un protocole très strict visant à minimiser l’empreinte du numérique. Aujourd’hui, l’éco-conception irrigue tous nos projets ». Autrement dit, à défaut d’avoir un « front » d’une sobriété numérique exemplaire, les « backend » des sites conçus par ARNEO répondent à la démarche d’éco-conception.
Parallèlement, l’agence digitale s’apprête à lancer un algorithme sur son site afin d’accompagner les entreprises dans leur démarche de sobriété numérique. Disponible gratuitement, il permettra non seulement d’obtenir une note sur l’échelle énergétique mais aussi d’avoir des premiers éléments de réponses sur les actions à mener avec des recommandations à la clef, personnalisées en fonction des résultats de l’analyse effectuée par l’algorithme.
Un outil de sensibilisation
« Bien entendu, l’analyse effectuée par cet algorithme ne portera que sur la partie UI, précise Albin Porcheret. Pour aller plus loin, l’algorithme doit posséder des autorisations pour accéder au back-end de l’entreprise et on n’est plus dans la même démarche. Mais l’analyse du front d’une application peut en soi déjà être très significative et permettre de réaliser des économies de dizaines de tonnes de Co² et plusieurs centaines de milliers de litres d’eau à l’année ».
De fait, ARNEO souhaite non seulement proposer un service innovant avec son algorithme mais aussi sensibiliser les entreprises aux enjeux de l’éco-conception. « Peu de nos clients arrivent avec la volonté de réduire leur empreinte environnementale, reconnait-il. Et de manière plus globale, nous constatons peu de demandes des entreprises pour l’éco-conception. Mais c’est quelque chose que nous voulons réellement promouvoir en sensibilisant les entreprises à chaque fois que nous le pouvons aux enjeux de notre société numérique. Comparée à l’industrie automobile, l’informatique est une industrie encore jeune. Mais je ne désespère pas qu’un jour nous suivions l’exemple de Toyota en appliquant le concept du lean management à l’empreinte du numérique pour éviter le gaspillage des ressources de notre planète ».
Retrouvez sur ITforBusiness.fr, notre série « RSE & GREEN IT » :
Episode 1 : Mesurer l’empreinte environnementale du numérique Episode 2 : Une IT plus responsable grâce à l’écoconception Episode 3 : Embarquer les utilisateurs dans une démarche Green IT Episode 4 : Green IT, une source d’économies et d’innovation Episode 5 : Stratégie GreenIT : Bien peser le choix du matériel Episode 6 : Maîtriser la fin de vie de son matériel IT Episode 7 : La société de la Tour Eiffel fait confiance à Sextant pour optimiser son efficacité énergétique Episode 8 : 25 mesures sénatoriales pour une société numérique plus verte Episode 9 : Le dur métier des DSI de « smart city »