Infobésité : en 2025, le Droit à la déconnexion est un mirage...

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Un droit à la déconnexion toujours aussi mal respecté

Par La rédaction, publié le 05 mars 2025

Quand les notifications ne s’arrêtent jamais, le droit à la déconnexion devient un mirage. Face à l’explosion des échanges numériques et à la pression du “toujours disponible”, il est temps d’inventer des règles adaptées aux réalités du terrain.

Alors que le droit à la déconnexion est une obligation légale depuis 2016, seuls 36 % des salariés bénéficient de mesures pour le faire respecter. Une nouvelle étude de l’Observatoire de l’Infobésité et de la Collaboration Numérique (OICN) rappelle ce triste constat.
Il note aussi que l’omniprésence des outils numériques et la généralisation du télétravail favorisent encore plus l’hyperconnexion. Environ 20 % des emails professionnels sont envoyés hors des horaires de travail (9h à 18h), et ce chiffre grimpe à 28 % chez les dirigeants. Ces derniers se connectent au moins une soirée sur trois et un week-end sur deux.

En moyenne, le traitement des emails demande environ 4H15 par semaine. Selon le rapport de l’OICN, les collaborateurs vivent en moyenne 7 journées « tunnel » de réunions par an (plus de 6 heures par jour), alors que les dirigeants passent jusqu’à 24 heures par semaine en réunions.

Face à ces dérives, même les entreprises qui ont mis en place des politiques de déconnexion obtiennent des résultats mitigés. Si ces dispositifs envoient un signal positif, « leur rigidité et leur éloignement des réalités du terrain limitent leur efficacité. »
L’établissement d’horaires fixes pour l’envoi de messages, assortis ou non de coupures techniques, ne tient pas compte des cas particuliers et des réalités opérationnelles. Ce qui peut entraîner l’inverse de l’effet recherché et « amplifier le stress de certains collaborateurs ».

Pour réguler les pratiques numériques en entreprise, l’OICN conseille d’adopter une dynamique collective afin de ne pas se reposer sur les seules prises de conscience individuelles.
Cela suppose de « co-construire des règles d’usage adaptées à chaque besoin opérationnel et à chaque contexte ».
Dans cette optique, il convient aussi d’intégrer des pratiques numériques responsables qui vont bien au-delà des simples mesures techniques. L’usage intensif des emails et de la visioconférence génèrerait d’après le rapport un impact carbone mesuré (par exemple, environ 2,7 kg de CO2e pour un dirigeant), comparable à certains déplacements professionnels.

Ainsi, l’OICN préconise la mise en place d’ateliers collaboratifs et de formations dédiées pour sensibiliser l’ensemble des collaborateurs aux enjeux de l’infobésité.
Par exemple, limiter le nombre de destinataires, privilégier des réunions ciblées et instaurer des plages de concentration sans interruptions numériques sont autant de leviers pour réduire la surcharge informationnelle. Ces mesures, associées à une refonte des usages – comme l’adaptation des horaires d’envoi ou l’instauration de temps de déconnexion obligatoire – pourraient permettre de transformer ces pratiques en opportunités pour améliorer la qualité de vie au travail.

Les managers ont bien sûr un devoir d’exemplarité, à plus forte raison dans un tel cadre. Leur engagement est indispensable pour instaurer une culture organisationnelle qui valorise non seulement la performance, mais aussi le bien-être et la santé mentale des équipes. C’est à eux de promouvoir un environnement de travail respectueux de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. La technologie doit servir à renforcer la productivité mais il est urgent d’en contrôler les usages pour éviter qu’elle ne devienne source de stress et de déconnexion sociale.


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