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Une France enfin prête pour le travail hybride ?
Par Laurent Delattre, publié le 31 août 2021
Une nouvelle étude fait un point sur la perception des salariés français en matière de télétravail, travail hybride et transformation de leurs outils de travail. Elle trace un portrait d’un travail durablement transformé par la crise pandémique.
Selon un nouveau sondage OpinionWay pour Slack, 38% des salariés français interrogés sont prêts à changer d’employeur si celui-ci venait à imposer le retour du 100% présentiel, un chiffre qui monte même à 57% chez les moins de 35 ans ! Voilà qui ne devrait pas arranger la crise des talents dans bien des entreprises.
En cette période de rentrée sous fond de vaccination et d’incertitude pandémique, les directions d’entreprise se posent de nombreuses questions sur les méthodes de management à employer et sur la flexibilité du travail des employés. Car, cela ne fait aucun doute pour tout le monde, la perception du bureau a changé après 18 mois de crise pandémique et une longue succession de confinements. Les aspirations varient en fonction de chaque individu, chaque métier, chaque direction, chaque filiale, chaque entreprise et toute la difficulté réside à les aligner pour retrouver une cohérence d’ensemble.
Ce moment charnière interroge bien des entreprises mais aussi bien des fournisseurs de solution. Slack a ainsi souhaité comprendre et analyser la perception des employés de bureau français et leur rapport aux outils numériques professionnels durant la période pandémique écoulée si particulière. L’éditeur a mandaté l’institut de sondage OpinionWay pour effectuer une enquête auprès de 1 032 employés de bureau français travaillant dans des entreprises de plus de 20 salariés.
Parmi les grandes révélations de cette enquête, 50% des entreprises françaises seraient aujourd’hui passées au travail hybride (avec des jours de télétravail et des jours présentiels). Pour les rapporteurs, le travail hybride est désormais la nouvelle norme… oui, même en France !
Le mode « 100% présentiel » ne concernerait plus que 34% des salariés interrogés. Parallèlement, seulement 14% d’entre eux ont pris le virage du 100% télétravail.
« Dans le détail, 42% des entreprises comptant moins de 100 salariés ont maintenu le présentiel alors qu’au sein des sociétés comptant 2 000 salariés ou plus, près d’une sur quatre (24%) est passée au télétravail. Cette transition s’est traduite par des impacts positifs et négatifs sur la vie professionnelle des salariés de bureau » explique les rapporteurs.
Parmi les avantages perçus par ces salariés, la flexibilité des horaires de travail arrive largement en tête devant son corolaire « un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ». Et parmi les effets de bord positifs, l’étude retient « une utilisation plus efficace de la technologie » (perception probablement issue de l’accélération de la transformation numérique connue par la quasi-totalité des organisations durant ces 18 mois de pandémie) et « une communication plus efficace » (engendrée par l’adoption massive des outils de chat et visio).
Bien évidemment, cette évolution du travail issue des confinements successifs et l’explosion des réunions à distance a aussi ses travers. Ainsi près d’un employé français sur 3 (27%) évoque un sentiment d’isolement par rapport aux collègues. Par ailleurs, 23% rapportent une perte de qualité dans la communication, 17% une perte de productivité (ils sont 19% à penser exactement le contraire) et 15% un ralentissement dans l’exécution de certaines tâches (même s’ils sont 17% à avoir perçu une efficacité accrue). Ce qui est intéressant, c’est que ces « travers » sont très diversement perçus selon les entreprises. Typiquement 29% des employés d’entreprises comptant 2 000 salariés font état d’une perte de qualité dans la communication contre 19% seulement dans les petites entreprises de moins de 100 salariés. Autre indicateur significatif, 19% des sondés n’ont retenu aucun travers à cette hybridation du travail durant les 18 mois de crise pandémique.
Le chiffre probablement le plus étonnant de cette étude concerne la perception des employés quant à l’impact global de la crise sanitaire sur leur entreprise. Seuls 20% des employés estiment que leur entreprise est sortie perdante de la crise ! 56% des employés interrogés estiment que leur entreprise est sortie gagnante de la crise, un optimisme encore plus partagé par les moins de 35 ans, avec un chiffre qui monte à 62% contre 54% des 50 ans et plus.
Et les raisons de cet optimisme sont principalement portées par les gains du travail hybride (flexibilité du lieu de travail, flexibilité des horaires) mais aussi par l’accélération de la transformation numérique avec 31% des salariés saluant l’adoption des nouvelles technologies pour mobiliser l’intelligence collective.
Autre effet de bord positif, 27% des employés interrogés constatent un renforcement de la culture d’entreprise et 26% l’apparition d’un management participatif et basé sur la confiance.
Commanditée par Slack, l’étude s’attarde bien évidemment sur les outils qui ont participé à l’accélération de la transformation numérique et à une meilleure intelligence collective : 34% des salariés sondés utilisent au moins une fois par semaine les plateformes collaboratives (comme Slack), dont 20% assez souvent et 14% quotidiennement. Les jeunes de moins de 35 ans sont de loin les plus nombreux à utiliser ces plateformes collaboratives : presque un sur deux (47%). Ce constat vaut également pour la gestion de documents collaboratifs : 54% des employés de moins de 35 ans les utilisent au moins une fois par semaine contre 39% chez les employés plus âgés. Enfin, les employés des entreprises comportant 100 à 499 salariés sont 63% à citer les messageries instantanées et 42% les plateformes collaboratives.
On retiendra surtout que 79% des salariés interrogés ont une perception positive des logiciels utilisés pour faire leur travail. Un sentiment qui apparaît comme bien supérieur à celui qui prédominait avant la crise.
Et si l’email reste sans conteste l’application informatique la plus fréquemment utilisée, l’étude note sans surprise une forte progression des applications de visioconférences (considérées comme les logiciels ayant eu le plus d’impacts positifs durant ces 18 derniers mois) et des messageries instantanées.
Bref, si l’on en croit cette nouvelle étude franco-française, la crise aura enfin permis à la France de rattraper son retard en termes de perception des atouts du télétravail, en termes d’adoption du travail hybride comme en termes de transformation numérique du travail collaboratif. Reste à voir comment cette perception positive va évoluer dans les mois à venir avec une pandémie qui, espérons-le, s’éloigne peu à peu…