L'architecte d'entreprise, un rôle qui prend corps

Gouvernance

Valoriser financièrement son impact, une priorité pour l’architecte d’entreprise

Par Laurent Delattre, publié le 03 février 2025

L’architecte d’entreprise doit aujourd’hui parler le langage du business : chiffres, ROI et économies réalisées. Cartes de capacités enrichies, matrices de priorisation et tableaux de bord financiers deviennent ses meilleurs alliés pour démontrer son rôle stratégique et justifier ses choix.


De Paul Estrach, Directeur du marketing produit chez MEGA International


C’est l’une des difficultés de l’architecture d’entreprise (EA) : son rôle exact et la valeur qu’elle apporte à l’organisation ne sont pas toujours tangibles. En cause : des bénéfices parfois indirects et souvent difficiles à chiffrer. Pourtant, les gains financiers pourraient devenir l’indicateur numéro un de la réussite et du savoir-faire de ces professionnels.
Il y a déjà consensus lorsque l’on évoque la rationalisation du portefeuille applicatif. C’est l’une de ses missions emblématiques, générant des gains directs : suppression d’applications obsolètes ou redondantes, réduction des coûts de licences, de maintenance et des charges associées. L’optimisation des infrastructures IT – accélérée par le cloud – produit aussi un ROI mesurable et communicable

Rendre visible l’invisible

Mais beaucoup d’autres actions de l’architecte restent discrètes, bien que cruciales. Par exemple, l’amélioration de la gouvernance informatique aligne les projets IT sur les objectifs stratégiques, mais sa valorisation financière reste complexe. La transformation digitale en est un autre exemple. S’il joue un rôle majeur pour dresser la cartographie des processus métiers, l’architecte d’entreprise est en revanche rarement impliqué dans l’évaluation des bénéfices attendus, comme l’amélioration de la productivité et la réduction des délais. Sa contribution s’étend aussi à la gestion des risques cyber et à la conformité, en aidant à éviter les cyberattaques ou les sanctions.

Tous ces apports, bien que stratégiques, restent difficiles à quantifier, car ils reposent sur l’évitement de scénarios hypothétiques. Le défi pour l’architecte d’entreprise est donc de rendre ses actions tangibles et mesurables, malgré le manque de données et d’accès aux outils financiers. Car, face à des attentes croissantes de justification économique, intégrer des dimensions financières dans les livrables devient impératif. D’ailleurs, selon Gartner, « d’ici 2027, 75 % des organisations enrichiront l’architecture d’entreprise en liant les bénéfices financiers aux décisions d’investissement numérique ». L’intégration de ces éléments est donc cruciale pour pérenniser leur rôle stratégique.

Des livrables enrichis pour mieux prouver l’impact de l’EA

Pour prouver concrètement la valeur de l’EA, l’une des actions les plus visibles consiste à enrichir la carte des capacités métiers de l’entreprise. Traditionnellement, cette carte permet d’identifier les besoins métiers non couverts, de mettre en lumière les redondances applicatives et de guider des actions de rationalisation. Cela permet de garantir l’alignement de l’IT sur les objectifs stratégiques de l’organisation.

Pour aller plus loin, l’architecte peut y intégrer des données financières, comme les coûts associés aux applications. Cela offre une vue globale des dépenses IT en lien avec les capacités métiers. Cette version enrichie devient un outil stratégique pour les décideurs, qui peuvent ainsi s’assurer que les investissements IT les plus importants soutiennent les priorités de l’organisation.

L’architecte joue aussi un rôle clé dans la définition de la roadmap des projets IT : migrations vers le cloud, modernisation d’applications historiques ou intégration de nouveaux systèmes. Pour valoriser son rôle dans la priorisation des projets, générant des bénéfices concrets pour l’organisation, il doit justifier ses choix en intégrant des éléments clairs : alignement avec les priorités stratégiques, bénéfices tangibles (économies, gains de productivité…), prise en compte des dépendances entre initiatives.

L’architecte peut utiliser des outils tels que des matrices de priorisation (impact stratégique versus effort), des diagrammes de dépendances projet ou des graphiques comparant les coûts et bénéfices attendus pour chaque projet. Enfin, les rapports et tableaux de bord produits par l’architecte doivent systématiquement intégrer des dimensions financières. Par exemple, un rapport sur l’optimisation du portefeuille applicatif devrait inclure les économies réalisées grâce à la suppression d’applications obsolètes ou redondantes. En intégrant ces divers éléments, l’architecte d’entreprise démontre sa valeur de manière tangible, légitime ses initiatives et renforce son rôle stratégique au sein de l’organisation.


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